Brésil. L’expulsion forcée imminente d’une communauté indigène est marquée par le sceau de l’injustice

L’expulsion forcée de leurs terres ancestrales des neuf familles de la communauté indigène d’Apika’y, l’une des communautés guaranis-kaiowás les plus vulnérables de l’État du Mato Grosso do Sul, montre une nouvelle fois que les autorités piétinent allègrement les droits humains pour donner la priorité aux propriétaires et au profit, a déclaré Amnesty International le 13 juin 2016.

D’après le Conseil missionnaire indigène (CIMI), partenaire local d’Amnesty International, un juge a désormais informé la communauté qu’elle serait expulsée de force entre le 13 et le 15 juin.

L'expulsion forcée imminente d'Apika'y est un cas emblématique qui témoigne de violations durables des droits des peuples autochtones à travers le pays, notamment les menaces de mort, les homicides, les expulsions et les risques de recul sur la loi en faveur de leurs droits à la terre

Atila Roque, directeur exécutif d’Amnesty International Brésil

En 2013, Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, et Atila Roque, directeur exécutif d’Amnesty Brésil, se sont rendus à Apika’y et ont rencontré des dirigeants indigènes.

« Il est très inquiétant de savoir qu’Apika’y, la plus vulnérable des communautés guaranis-kaiowás, risque d’être expulsée de force à tout moment. Les autorités compétentes doivent de toute urgence revenir sur cette décision injuste qui bafoue les droits des populations autochtones, a déclaré Salil Shetty.

« L’expulsion forcée imminente d’Apika’y est un cas emblématique qui témoigne de violations durables des droits des peuples autochtones à travers le pays, notamment les menaces de mort, les homicides, les expulsions et les risques de recul sur la loi en faveur de leurs droits à la terre », a déclaré Atila Roque.

La communauté a été avertie qu’elle serait expulsée dans les cinq jours. Le gouvernement local du Mato Grosso do Sul ayant refusé de procéder à l’expulsion, le juge en charge de l’affaire a demandé au ministère de la Justice d’envoyer la police nationale. D’après les informations dont dispose Amnesty International, le ministère de la Justice n’a pas encore donné réponse. Pourtant, le dirigeant de la communauté a déjà reçu l’avis et l’expulsion est imminente.

J’avais la sensation de me trouver dans un lieu où les droits humains existent à peine. Des milliers d'autochtones attendent toujours de voir leurs terres délimitées

Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International

Lors de sa visite en 2013, Amnesty International avait pointé du doigt les retards dans le processus de délimitation des terres ancestrales, grand facteur d’injustices.

« J’avais la sensation de me trouver dans un lieu où les droits humains existent à peine. Des milliers d’autochtones attendent toujours de voir leurs terres délimitées. Ils sont expulsés de leurs terres ancestrales et beaucoup meurent. Il est très douloureux d’entendre toutes les épreuves auxquelles ces communautés sont confrontées, sachant que c’est le cas ici, mais aussi pour les communautés indigènes dans de nombreuses régions du pays », a déclaré Salil Shetty durant sa visite.

Amnesty International fait campagne en faveur des droits fonciers de la communauté Apika’y et contre leur expulsion de manière suivie et a récemment publié une nouvelle Action urgente sur cette affaire : https://www.amnesty.org/fr/documents/amr19/4103/2016/fr/