Malaisie. Il ne faut pas qu’ait lieu la pendaison de prisonniers, prévue pour le 25 mars

Mise à jour du 24 mars : trois hommes risquent d’être pendus vendredi 25 mars

Amnesty International a appris que les deux coaccusés de Gunasegar Pitchaymuthu, dont l’exécution a été fixée pour le vendredi 25 mars, doivent également être pendus le 25 mars pour meurtre. Il s’agit des frères J Ramesh et Sasivarnam A/ L Jayakumar.

Quand la mère de Gunasegar Pitchaymuthu est allée ce matin à la prison de Taiping pour lui rendre une dernière visite et pour préparer ses funérailles, des proches des coaccusés de son fils se trouvaient aussi là pour les mêmes raisons.

Comme la peine de mort qui a été prononcée contre ces trois détenus est automatiquement prévue pour le crime dont ils ont été déclarés coupables, les juges n’ont pas eu la possibilité de décider éventuellement d’une autre peine.  

Quand elle a appris cette nouvelle, Shamini Darshni, directrice d’Amnesty International Malaisie, a déclaré :

« Le gouvernement malaisien doit cesser de jouer avec la vie des gens. Il doit immédiatement mettre fin à toutes les exécutions ainsi qu’au secret qui entoure le recours à la peine de mort dans le pays. Le fait d’avertir la famille au dernier moment et l’absence de notification au public sont des pratiques inadmissibles compte tenu de la gravité extrême de cet acte qui consiste à priver des personnes de leur vie. La transparence permet également de s’assurer que les garanties d’une procédure équitable ont été respectées – qu’y a-t-il à cacher ? »

Le gouvernement malaisien doit cesser de jouer avec la vie des gens. Il doit immédiatement mettre fin à toutes les exécutions ainsi qu'au secret qui entoure le recours à la peine de mort dans le pays.

Shamini Darshni, directrice d'Amnesty International Malaisie

(communiqué diffusé le 23 mars)

Le gouvernement malaisien ne doit pas exécuter un homme de 34 ans, qui doit être pendu vendredi 25 mars pour avoir commis un meurtre, a déclaré Amnesty International.

Mercredi 23 mars, la direction de la prison de Taiping, dans le nord de la Malaisie, a conseillé à la mère de Gunasegar Pitchaymuthu de rendre visite à son fils « une dernière fois » et de préparer ses funérailles. Gunasegar Pitchaymuthu a été déclaré coupable de meurtre, un crime automatiquement puni par la peine de mort en Malaisie.

« Exécuter Gunasegar Pitchaymuthu représenterait une régression pour les droits humains en Malaisie », a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint des campagnes pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique d’Amnesty International.

« L’imposition obligatoire de la peine de mort est une atteinte claire aux droits humains, quelle que soit l’infraction commise. Les autorités doivent intervenir pour empêcher que cet acte brutal ait lieu, avant qu’il ne soit trop tard, et commuer la condamnation à mort de Gunasegar Pitchaymuthu. »

Amnesty International a toujours critiqué le recours aux exécutions « secrètes » en Malaisie. Les informations relatives aux pendaisons prévues ne sont pas rendues publiques avant, ni même après, les faits – ce qui est contraire aux normes internationales sur le recours à la peine de mort.

Au lieu de cela, Nagarani Sandasamy, la mère de Gunasegar Pitchaymuthu, a reçu mercredi 23 mars une lettre envoyée par la direction de la prison de Taiping, lui indiquant que son fils sera exécuté « bientôt » et lui conseillant de lui rendre visite le matin du jeudi 24 mars. La lettre invite également la famille à discuter de la marche à suivre pour récupérer le corps du prisonnier pour ses funérailles.

Le gouvernement malaisien doit immédiatement instaurer un moratoire sur l’ensemble des exécutions, à titre de première étape vers l’abolition de ce châtiment.

Josef Benedict, d'Amnesty International

La visite la plus récente de Nagarani Sandasamy à son fils date d’une semaine ; à ce moment-là, ni l’un ni l’autre ne savait qu’il était prévu que cet homme de 34 ans soit pendu quelques jours plus tard.

Gunasegar Pitchaymuthu a été condamné à mort pour avoir tué un homme à l’arme blanche à Sungai Petani, dans l’État de Kedah, le 16 avril 2005.

« À l’heure où les débats sur l’abolition de l’application obligatoire de la peine de mort se poursuivent en Malaisie, le gouvernement malaisien doit immédiatement instaurer un moratoire sur l’ensemble des exécutions, à titre de première étape vers l’abolition de ce châtiment », a déclaré Josef Benedict.

Complément d’information

Aucune information n’est rendue publique sur les cas de peine de mort en Malaisie, et c’est souvent au dernier moment que les familles sont informées de l’exécution imminente d’un proche. De hauts représentants du gouvernement ont récemment déclaré que la Malaisie envisageait d’abolir l’imposition automatique de la peine capitale, châtiment actuellement prévu dans les cas de meurtre et d’infractions liées aux stupéfiants.

Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, indépendamment de la nature et des circonstances du crime commis, de la situation de la ou du condamné-e, de sa culpabilité ou de son innocence, ou encore de la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.

La peine capitale bafoue le droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant qui soit.

Le droit international et les normes associées interdisent l’imposition obligatoire de la peine de mort, qui constitue une privation arbitraire de la vie, car elle empêche la ou le juge de prendre en considération la situation personnelle de l’accusé-e ou les circonstances ayant entouré le crime en question.