Colombie. Les pourparlers de paix avec l’ELN ne doivent pas laisser impunies les atteintes aux droits humains

Les pourparlers de paix annoncés mercredi 30 mars entre le gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN), devront réserver une place centrale à la justice pour les nombreuses victimes d’atteintes aux droits humains commises durant les cinq décennies du conflit armé colombien, a déclaré Amnesty International.

Le gouvernement et l’ELN, deuxième groupe de guérilla du pays, ont affirmé qu’ils doivent entamer prochainement en Équateur des négociations de paix officielles.

Le plus grand groupe de guérilla du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), doit quant à lui signer un accord de paix avec le gouvernement dans les semaines ou les mois à venir, à l’issue de plus de trois ans de pourparlers.

« Les discussions entre l’ELN et le gouvernement, auxquelles s’ajoute un accord de paix imminent avec les FARC, donnent à espérer la fin prochaine d’un conflit qui aura duré plus d’un demi-siècle, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Les autorités doivent cependant veiller à ce que toute personne soupçonnée d’avoir une responsabilité pénale dans des crimes relevant du droit international commis au cours de ce conflit soit traduite devant un tribunal civil ordinaire, qu’elle soit membre des forces de sécurité, des paramilitaires ou des groupes de guérilla ou qu’elle fasse partie du milieu politique ou des affaires.

« Le gouvernement et l’ELN doivent faire en sorte que les droits humains, ainsi que des mesures visant à mettre fin à l’impunité, soient au cœur même de ces négociations. »

Les 50 ans de conflit en Colombie ont été marqués par des exactions et des violations généralisées et systématiques des droits humains, dont des homicides illégaux, des disparitions forcées, des actes de torture, des déplacements forcés et des violences sexuelles.

Ces agissements ont été perpétrés tant par les forces de sécurité, agissant seules ou avec la complicité des paramilitaires, que par des groupes de guérilla.

Les populations indigènes et les communautés afro-colombiennes et paysannes, de même que les défenseurs des droits humains, les responsables de communautés et les syndicalistes, ont été particulièrement vulnérables.

« Il n’y aura pas de paix durable et véritable tant que les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations ne seront pas respectés conformément aux normes et aux règles du droit international, a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Il n’y aura pas de paix durable et véritable tant que les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations ne seront pas respectés conformément aux normes et aux règles du droit international.

Erika Guevara-Rosas

« Les accords sur la justice auxquels le gouvernement et les FARC sont parvenus à ce jour en semblent encore bien loin. »

Les menaces visant les défenseurs des droits humains en Colombie – et les assassinats – ont ces derniers temps brusquement augmenté.

Des populations indigènes et afro-colombiennes ainsi que des communautés paysannes ont continué à subir des attaques menées, pour la plupart, par des groupes paramilitaires.

« Les attaques dont des militants et d’autres personnes ont récemment été la cible nous rappellent douloureusement qu’en Colombie la crise des droits humains n’est pas terminée malgré les pourparlers de paix, a dit Erika Guevara-Rosas.

« Il appartient maintenant aux autorités colombiennes de multiplier leurs efforts pour protéger les groupes et communautés en danger, notamment en combattant effectivement les groupes paramilitaires et en brisant les liens qui unissent toujours ces groupes à certains secteurs des forces de sécurité. »