«Il faut traduire les promesses en actes» – L’avis de la société civile sur la conférence des donateurs pour la Syrie

Une coalition internationale de plus de 30 organisations non gouvernementales (ONG) a salué jeudi 4 février l’ambition affichée lors de la conférence des donateurs, qui s’est tenue à Londres, visant à soutenir la Syrie et la région en accroissant l’ampleur et la portée de la réponse humanitaire à la crise syrienne. La coalition a toutefois déclaré que le montant des promesses de dons pour 2016 est inférieur de plus de trois milliards de dollars à ce qui est requis en urgence. Ces ONG, parmi lesquelles Oxfam, Sawa Aid and Development et Islamic Relief, ont applaudi la générosité de certains donateurs tout en encourageant les autres à apporter leur juste part. Elles ont également signalé que de nombreux Syriens continueront à souffrir à moins que l’on n’en fasse plus pour garantir leur protection dans le pays et à l’extérieur, et pour mettre fin à la violence en Syrie.

« Bien sûr, nous nous félicitons des promesses de dons venant d’être faites, mais tout l’argent du monde ne mettra pas à l’abri des barils d’explosifs les enfants endormis dans leur lit. Il faut agir afin de mettre un terme aux bombardements sans discernement dont sont victimes les Syriens, et de protéger les populations assiégées et confrontées à la famine, ainsi que celles que la violence et la bureaucratie empêchent de bénéficier en toute sécurité de nourriture, d’eau et d’un toit. Nous exhortons tous les acteurs ayant de l’influence à exercer des pressions diplomatiques sur l’ensemble des parties, afin de les inciter à respecter le droit international humanitaire et les résolutions contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies », a déclaré Raed al Saleh, responsable de la Défense civile syrienne, les casques blancs.

Bien sûr, nous nous félicitons des promesses de dons venant d’être faites, mais tout l’argent du monde ne mettra pas à l'abri des barils d’explosifs les enfants endormis dans leur lit.

Raed al Saleh, responsable de la Défense civile syrienne

Les groupes ont bien noté que les participants à la conférence ont condamné les atteintes généralisées au droit international humanitaire commises par toutes les parties au conflit, mais ont souligné que des condamnations seules constituaient une maigre consolation pour les civils syriens qui connaissent la terreur et des privations extrêmes au quotidien dans leur pays. Ils ont ajouté que tout renforcement de l’assistance doit être accompagné par des initiatives visant à promouvoir une solution globale aux causes du conflit, et à proposer des itinéraires sûrs et légaux pour une réinstallation des réfugiés au-delà de la région.  

« Les fonds qui ont été promis contribueront à alléger les souffrances des millions de Syriens affectés par le conflit à l’intérieur et l’extérieur du pays, mais il faut en faire davantage pour mettre fin aux sièges et garantir que l’aide humanitaire puisse être acheminée dans toutes les zones. Par ailleurs, le montant total des promesses de dons n’est pas suffisant pour répondre à l’urgence », a déclaré Salma Kahale, directrice exécutive de Dawlaty.   

Il faut en faire davantage pour mettre fin aux sièges et garantir que l’aide humanitaire puisse être acheminée dans toutes les zones.

Salma Kahale, directrice exécutive de Dawlaty

Les trois principaux pays d’accueil des réfugiés, la Jordanie, la Turquie et le Liban, ont accepté de prendre des mesures pour ouvrir leur marché du travail aux réfugiés, et assouplir leur réglementation ainsi que les dispositions en matière d’investissement.    

« Un million de nouveaux emplois pourraient aider à donner de l’espoir aux réfugiés syriens et aux pays d’accueil ; les permis de travail doivent être accessibles et d’un prix abordable. Il s’agit d’une crise à long terme, et c’est pour cela que nous devons garantir des emplois décents qui ne reposent pas sur l’exploitation, et non pas seulement des fonds d’urgence. Car nous savons que sans revenus, il existe au sein des familles de réfugiés un risque élevé de mariage des enfants, d’exploitation sexuelle et de travail des enfants », a déclaré Laurie Lee, présidente de Care International Royaume-Uni.    

Les ONG ont salué l’engagement des gouvernements à veiller à ce que tous les réfugiés et enfants syriens bénéficient dans les pays qui les accueillent d’une éducation de qualité dès la rentrée scolaire prochaine.    

« Les nouveaux fonds considérables répartis sur plusieurs années qui viennent d’être annoncés représentent un pas en avant très important vers le retour de millions d’enfants à l’école, mais nous aurons besoin d’examiner en détail les politiques visant à mettre cela en place. Les enfants syriens sont privés de leur droit à l’éducation depuis trop longtemps ; nous avons donc hâte de les revoir tous en classe. La communauté internationale doit toutefois en faire plus pour soutenir l’éducation en Syrie, où 2,1 millions d’enfants ne vont actuellement plus à l’école et où des établissements scolaires sont régulièrement détruits, abîmés et occupés », a déclaré Tove Wang, présidente de Save the Children Norvège.    

Les ONG ont appelé de leurs vœux un suivi robuste et transparent des promesses et de la mise en œuvre après la conférence, afin que les engagements pris à Londres soient traduits en actes concrets et coordonnés.