Slovénie. Une occasion d’obtenir l’égalité

Todor Gardos, responsable de campagne d’Amnesty International pour les Balkans

La Slovénie pourrait devenir le premier pays d’Europe centrale à autoriser les mariages entre personnes de même sexe. Ses citoyens peuvent être fiers de cette occasion historique qui leur est donnée d’élargir le champ des droits civiques en votant lors du référendum qui se termine le 20 décembre.

En légalisant le mariage entre personnes de même sexe, 13 pays européens ont déjà reconnu qu’un pacte civil n’est pas équivalent à un mariage civil. Les couples homosexuels doivent avoir le droit de se marier pour pouvoir profiter pleinement de leurs droits humains sans discrimination, de la même façon que les couples hétérosexuels.

De plus en plus d’États reconnaissent que les lois restrictives sur le mariage sont une forme de discrimination et  prennent les mesures nécessaires pour remédier à cela. Tant que, dans de nombreuses régions du monde, des personnes seront battues, emprisonnées, violées ou tuées pour qui elles sont et pour qui elles aiment, il sera essentiel de continuer à faire pression pour une égalité totale devant la loi  indépendamment de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. En Slovénie, les électeurs peuvent laisser leur empreinte dans l’histoire des droits civiques en votant « Pour » l’égalité.

En Slovénie, les électeurs peuvent laisser leur empreinte dans l'histoire des droits civiques en votant « Pour » l'égalité.

Todor Gardos, responsable de campagne d’Amnesty International pour les Balkans

En mars 2015, un débat houleux a suivi le soutien apporté par une nette majorité des membres de l’Assemblée nationale aux modifications de la loi sur le mariage et les relations familiales. Ces modifications rendent la législation sur le mariage et la famille indépendante des références au genre ; elles permettent aux couples de personnes de même sexe de se marier, d’être admissibles à l’adoption et de jouir des mêmes droits économiques, sociaux et culturels que les couples hétérosexuels. Les opposants à ces modifications ont lancé une campagne pour empêcher l’entrée en vigueur de la loi via un référendum. Après plusieurs mois de délibération, la Cour constitutionnelle a annulé l’interdiction du référendum, autorisant le scrutin de décembre. Les droits humains d’une minorité ne devraient pas être déterminés par un vote, mais être toujours protégés par l’État. Les citoyens slovènes ont aujourd’hui la possibilité de montrer leur engagement en faveur de l’égalité.

L’enjeu de dimanche est la capacité ou non des modifications à résister à l’examen du vote populaire et à mettre fin à cette forme de discrimination. Mais, plus important, ce vote concerne avant tout les couples dont les vies seront directement touchées par les résultats.

L’opposition aux modifications de la loi adoptées par l’Assemblée nationale est en grande partie due à un désir de protéger les notions « traditionnelles » et idéalisées de la famille ainsi que l’idée stéréotypée selon laquelle il faut empêcher que les enfants ne soient « exposés à » et élevés par des couples de personnes de même sexe. Ces préjugés font partie de ceux contre lesquels luttent les organisations LGBTI, et les groupes de défense des droits humains comme Amnesty International. Dans ce débat, aucun but social légitime ne peut être atteint aux dépends des droits de quelqu’un d’autre.

Contrairement à ce qu’affirment les discours homophobes, personne n’a le droit d’avoir un enfant, mais c’est plutôt chaque enfant qui a le droit d’avoir une famille. Les enfants ne sont pas des biens, et ils ne sont pas non plus les « fondations de la société » au nom desquelles les opposants au mariage gay affirment agir. L’adoption d’un enfant en particulier par un couple en particulier doit se baser sur une décision prise dans le meilleur intérêt de l’enfant, et non pas en fonction du genre ou de l’orientation sexuelle des parents adoptifs.

Combler le fossé des inégalités et autoriser les mariages entre personnes de même sexe seraient des mesures bénéfiques pour tout le monde. En l’état actuel des choses, les couples de personnes de même sexe sont discriminés parce qu’on refuse de leur accorder le droit au mariage civil avec la personne qu’ils aiment. Un vote en faveur du « Pour » au référendum en Slovénie  mettrait un terme à cela, tandis qu’un vote « Contre » empêcherait l’avancée des droits humains fondamentaux.

Amnesty International s’oppose à la discrimination dans les lois sur le mariage civil et appelle les États à reconnaître tous les types de familles. Le mariage égalitaire implique la reconnaissance par l’État des relations amoureuses et engagées des couples de personnes de même sexe, et non pas leur approbation par la société. Les Slovènes devraient rejoindre et soutenir la cause des couples de personnes de même sexe qui souhaiteraient se marier, simplement en votant « Pour ».