Les autorités éthiopiennes qualifient des manifestants de « terroristes » afin de réprimer violemment le mouvement de protestation contre d’éventuelles confiscations de terres, a déclaré Amnesty International. Cette répression a déjà fait 40 morts.
Dans une déclaration rendue publique mercredi 16 décembre, les services de renseignement de l’État affirment que les manifestants oromos envisageaient de « déstabiliser le pays » et que certains d’entre eux ont « un lien direct avec un groupe allié à d’autres terroristes avérés ».
« Le fait de prétendre que ces Oromos – qui n’ont fait que dénoncer une réelle menace pesant sur leurs moyens d’existence – sont associés à des terroristes dissuadera les défenseurs des droits de s’exprimer librement, a déclaré Muthoni Wanyeki, directeur du programme régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs.
Le fait de prétendre que ces Oromos – qui n’ont fait que dénoncer une réelle menace pesant sur leurs moyens d’existence – sont associés à des terroristes dissuadera les défenseurs des droits de s’exprimer librement.
Muthoni Wanyeki, directeur du programme régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs.
« Au lieu de condamner les homicides illégaux commis par les forces de sécurité, qui ont fait plus de 40 victimes en trois semaines, la déclaration des services de renseignement autorise en réalité l’utilisation d’une force excessive face à des manifestants pacifiques. »
Les dernières manifestations en date portent sur le plan directeur de l’État qui vise à intégrer certaines parties de la région d’Oromia à la capitale, Addis-Abeba.
Des rassemblements avaient déjà eu lieu autour du même thème en avril 2014 et des manifestants oromos avaient été tués, blessés et arrêtés en masse.
La Loi 652/2009 relative à la lutte contre le terrorisme autorise les pouvoirs publics à faire usage de la force sans retenue contre des personnes soupçonnées d’actes terroristes, notamment à les placer en détention provisoire pour une durée allant jusqu’à quatre mois.
Les personnes détenues à titre provisoire dans ce cadre ont signalé que la torture et les autres formes de mauvais traitements étaient répandues. Les autorités doivent veiller à ce que toutes les allégations de ce type fassent l’objet d’enquêtes indépendantes dans les meilleurs délais.
« L’État doit cesser de s’appuyer sur des mesures antiterroristes draconiennes pour réprimer les manifestations mais, au contraire, protéger les droits de ses citoyens aux libertés d’expression et de réunion pacifique », a déclaré Muthoni Wanyeki.