En condamnant l’avocat des droits humains Pu Zhiqiang à une peine de trois ans de prison avec sursis, les autorités chinoises cherchent délibérément à museler un défenseur de la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International mardi 22 décembre 2015.
Le 22 décembre, un tribunal de Pékin a condamné Pu Zhiqiang à trois ans de prison, avec sursis, pour avoir « incité à la haine raciale » et « suscité des polémiques et provoqué des troubles ». Cette condamnation se fonde principalement sur sept messages publiés sur les réseaux sociaux, comprenant au total environ 600 caractères, dans lesquels Pu Zhiqiang critiquait des responsables chinois et la politique du gouvernement.
« S’il est très positif que Pu Zhiqiang ne passe pas une autre nuit en prison, cela ne saurait masquer l’injustice flagrante dont il est victime. Ce n’est pas un criminel et ce verdict de culpabilité va interdire à un défenseur emblématique des droits humains en Chine d’exercer son métier, a déclaré William Nee, chercheur sur la Chine à Amnesty International.
S’il est très positif que Pu Zhiqiang ne passe pas une autre nuit en prison, cela ne saurait masquer l’injustice flagrante dont il est victime. Ce n’est pas un criminel et ce verdict de culpabilité va interdire à un défenseur emblématique des droits humains en Chine d’exercer son métier.
William Nee, chercheur sur la Chine à Amnesty International
« Pu Zhiqiang a déjà passé plus de 18 mois en détention, et malgré de longues investigations le visant, les autorités n’ont pu rassembler comme preuves à charge que sept messages publiés sur les réseaux sociaux dans lesquels il critiquait le gouvernement. C’est l’un des plus courageux défenseurs chinois de la liberté d’expression, persécuté pour avoir simplement exercé ce droit. »
Dans la matinée du 22 décembre, la police a interpellé au moins 12 militants rassemblés devant le tribunal populaire intermédiaire n° 2 de Pékin, venus soutenir Pu Zhiqiang.
Lors de son procès le 14 décembre, des hommes non identifiés et des policiers avaient malmené des journalistes étrangers, des diplomates et des militants venus lui apporter leur soutien devant le tribunal. La police avait embarqué une vingtaine de ses partisans. Au moins quatre d’entre eux sont aujourd’hui détenus dans le cadre de poursuites pénales pour avoir pris part à une manifestation pacifique, et n’ont pas pu consulter d’avocat. On ignore ce qu’il est advenu de cinq autres et on craint qu’ils ne se trouvent eux aussi en détention.
« L’opération policière en marge du procès de Pu Zhiqiang ne fait que souligner pourquoi la Chine a tant besoin de défenseurs de la liberté d’expression comme Pu. Toutes les personnes détenues uniquement pour lui avoir exprimé sans violence leur soutien doivent être libérées immédiatement et sans condition », a déclaré William Nee.
Complément d’information
Pu Zhiqiang avait été placé en détention le 6 mai 2014, après avoir participé à un séminaire privé, à Pékin, appelant à l’ouverture d’une enquête sur la répression de Tiananmen en 1989. Il a représenté des personnes dans plusieurs affaires « sensibles » de droits humains, dont celles liées au Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel de militants dont l’objectif est de promouvoir la transparence au niveau du gouvernement et de dénoncer des faits de corruption.