Zimbabwe. L’incarcération de journalistes est un acte d’intimidation visant les médias

Le placement en détention de trois journalistes arrêtés pour la publication d’un article dénonçant les liens qu’entretiendraient de hauts gradés de la police avec une organisation criminelle de braconniers est une tentative de restreindre la liberté de la presse, a déclaré Amnesty International mardi 3 novembre, en réclamant leur libération immédiate.

Arrêter des journalistes pour “publication de fausses informations” a un effet paralysant pouvant limiter la capacité des médias à dénoncer les activités criminelles présumées des autorités.

Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du bureau pour l’Afrique australe d'Amnesty International

Mabasa Sasa, rédacteur en chef du Sunday Mail, un journal contrôlé par l’État, Brian Chitemba, rédacteur chargé des enquêtes, et Chinawo Farawo, journaliste, ont été arrêtés lundi 2 novembre 2015. Ils ont été inculpés de « publication de fausses informations » après avoir accusé des responsables policiers de faire partie d’un groupe ayant tué des éléphants dans le parc national de Hwange. Ils doivent comparaître mercredi 4 novembre.

« Arrêter des journalistes pour “publication de fausses informations” a un effet paralysant pouvant limiter la capacité des médias à dénoncer les activités criminelles présumées des autorités », a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du bureau pour l’Afrique australe d’Amnesty International.

« Ces agissements créent un climat de peur au Zimbabwe et perpétuent l’impunité. »

Des dizaines de journalistes au Zimbabwe, travaillant principalement pour des médias privés, ont été inculpés pour « publication de fausses informations » par le passé, en vertu de la Loi de réforme et de codification du droit pénal. Ils ont tous été acquittés par la suite.

Ces agissements créent un climat de peur au Zimbabwe et perpétuent l’impunité.

Muleya Mwananyanda

« Les autorités ne doivent pas prendre les journalistes pour cible. Les professionnels des médias doivent être autorisés à effectuer leur travail sans avoir à subir de manœuvres de harcèlement ni d’intimidation », a déclaré Muleya Mwananyanda.

« Ces arrestations visent à menacer la liberté de la presse, et surviennent peu de temps après que de hauts représentants de l’État ont utilisé un discours menaçant contre des journalistes critiques. »

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Les journalistes ont été inculpés en vertu de la section 31 de la Loi de réforme et de codification du droit pénal et sont en détention au poste de police central d’Harare depuis le 2 novembre 2015. Ils pourraient être détenus pendant 48 heures avant d’être conduits devant un juge.

Les principes de la liberté d’expression et de la liberté de la presse sont inscrits dans la Constitution zimbabwéenne de 2013. La section 61(2) dispose que la liberté des médias est un droit pour tous.