Sommet de l’UE. Les réfugiés en quête de protection ont besoin d’un accès légal et sûr, pas de nouvelles clôtures

Au lieu de fermer les frontières et de déployer la police antiémeutes, les pays qui se trouvent aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE) doivent permettre un accès sûr aux personnes en quête d’une protection internationale, a déclaré Amnesty International à la veille d’une nouvelle série de rencontres au sommet à Bruxelles sur la crise des réfugiés, alors que des heurts ont éclaté aux frontières d’Europe centrale.

Lors des réunions organisées à Bruxelles les 22 et 23 septembre, les États membres de l’UE feront une large place à la relocalisation des demandeurs d’asile dans les pays de l’UE.

« L’échec n’est pas une option. Les dirigeants européens doivent formuler une réponse cohérente et compatissante face à l’arrivée de réfugiés et de demandeurs d’asile en Europe, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty International.

L'échec n'est pas une option. Les dirigeants européens doivent formuler une réponse cohérente et compatissante face à l'arrivée de réfugiés et de demandeurs d'asile en Europe.

John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty International.

« Certaines solutions sont sur la table, mais il manque la volonté politique et l’impulsion pour les mettre en œuvre. Les dirigeants européens doivent faire preuve de leadership et faire face à la crise de front, au lieu d’ériger de nouvelles clôtures et de se perdre dans les désaccords sur les quotas. »

Suite à l’impasse de la semaine dernière, les ministres de l’Intérieur des États membres se réuniront mardi 22 septembre, pour tenter une nouvelle fois de parvenir à un accord sur la proposition de la Commission européenne concernant la relocalisation de 120 00 demandeurs d’asile au sein de l’UE. Mercredi 23 septembre, lors d’un sommet extraordinaire, les chefs d’État de l’UE débattront d’une réponse plus globale à la crise et reprendront les discussions sur la relocalisation, si aucun accord n’est trouvé au niveau ministériel.

Les gens plutôt que les frontières

Le long des frontières extérieures de l’UE, le manque de préparation et la confusion règnent depuis que les gouvernements ont décidé de les fermer : les réfugiés et les demandeurs d’asile restent bloqués dans des conditions sordides et très dures.

Amnesty International a pu constater, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, que des hommes, des femmes et des enfants dorment par terre et ont d’énormes difficultés à avoir accès à de la nourriture, de l’eau courante ou des toilettes.

« En l’absence d’une politique collective concertée, nous voyons des milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile ballotés à droite et à gauche, et leurs besoins élémentaires ne sont pas satisfaits, a déclaré John Dalhuisen.

En l'absence d'une politique collective concertée, nous voyons des milliers de réfugiés et de demandeurs d'asile ballotés à droite et à gauche, et leurs besoins élémentaires ne sont pas satisfaits.

John Dalhuisen

« Gestion de la migration ? Non, c’est une érosion de l’humanité. »

La relocalisation

Jusqu’à présent, la réponse des dirigeants européens à la crise des réfugiés manque d’ambition et ne vient pas réellement en aide à ceux qui recherchent une protection en Europe. L’un des sujets majeurs des réunions prévues cette semaine, qui divise les États membres, sera la relocalisation des demandeurs d’asile au sein de l’UE, avec notamment à l’ordre du jour la proposition de la Commission européenne de relocaliser 120 000 demandeurs supplémentaires.

La semaine dernière, les États membres ont approuvé la mise en place d’un mécanisme provisoire et exceptionnel en vue de relocaliser 40 000 personnes sur deux ans, depuis les pays d’arrivée que sont l’Italie et la Grèce vers d’autres États membres. Cependant, cet accord a été consenti après plus de quatre mois de discussions, ce qui laisse planer de sérieux doutes quant à la volonté des États membres d’en accueillir d’autres.

Par ailleurs, les propositions ne prennent pas en compte le consentement de la personne relocalisée, ce qui avive les inquiétudes quant à l’éventuel recours à des moyens coercitifs et à la détention pour contraindre des personnes à se rendre dans des États membres où elles n’ont ni famille ni soutien financier.

Amnesty International réclame un renforcement du soutien de l’UE pour améliorer les conditions d’accueil et accélérer l’accès aux procédures de demande d’asile.

« Alors que les leaders européens se réunissent une nouvelle fois à Bruxelles, il est plus qu’urgent d’élaborer une réponse à long terme à la crise des réfugiés. Elle suppose de leur fournir des voies d’accès sûres et légales vers l’Europe, de progresser vers un système d’asile commun, qui intègre la reconnaissance mutuelle des décisions d’asile, et de leur permettre de se déplacer librement dans l’UE »,a déclaré John Dalhuisen.

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