La récente initiative du Parlement russe en vue d’interdire des organisations soi-disant indésirables est un nouveau clou dans le cercueil de la liberté d’expression et de la société civile en Russie, a déclaré Amnesty International le 8 juillet.
Le Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement, a transmis aux services du procureur général et au ministère des Affaires étrangères une liste de 12 ONG étrangères travaillant en Russie, qui pourraient en conséquence être interdites après avoir été déclarées « indésirables » en vertu d’une loi adoptée en mai. De manière vague, ce texte définit les activités « indésirables » comme celles représentant une menace « à l’ordre constitutionnel, à la capacité de défense ou à la sécurité du pays ».
« Cette démarche est une nouvelle initiative en vue d’étouffer la liberté d’expression et d’association en Russie, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. Elle ne vise pas uniquement les organisations étrangères, mais aussi la société civile indépendante dans le pays.
Qu’elles soient russes ou étrangères, les ONG font déjà l’objet d’une surveillance étroite ; en outre, des mécanismes légaux suffisants sont en place pour intervenir si une organisation est impliquée dans des activités illégales.
John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International
« C’est une manœuvre injustifiée et inutile qui a pour objectif de mettre un terme aux activités légitimes des personnes menant un travail qui ne plaît pas aux autorités russes. Qu’elles soient russes ou étrangères, les ONG font déjà l’objet d’une surveillance étroite ; en outre, des mécanismes légaux suffisants sont en place pour intervenir si une organisation est impliquée dans des activités illégales. »
Parmi les organisations figurant sur la liste se trouvent la Mission de terrain en Crimée sur les droits humains et Freedom House, deux organisations qui travaillent avec la diaspora ukrainienne dans le monde entier et avec plusieurs fondations qui financent et soutiennent des initiatives de la société civile en Russie.
Des porte-parole du Conseil de la Fédération ont indiqué que la liste n’était ni exhaustive ni définitive. Pour justifier cette initiative, ils ont affirmé que l’« ampleur sans précédent » du financement des « activités politiques » des ONG par des sources étrangères constituait une « agression douce » contre la Russie et le peuple russe.
« Les critères qui vont servir à désigner les organisations comme « indésirables » sont mal définis, arbitraires et nébuleux, a déclaré John Dalhuisen.
« Si le bureau du procureur et le ministère des Affaires étrangères considèrent qu’elles représentent une menace, ces organisations seront frappées d’interdiction en Russie, avec effet immédiat. »