Thaïlande. L’annulation d’un débat par les militaires illustre la répression de la liberté de parole

L’annulation de dernière minute par le gouvernement militaire thaïlandais d’un débat sur les droits humains vise clairement à faire taire les critiques, en violation des obligations qui incombent à la Thaïlande au titre du droit international, a déclaré Amnesty International.

Les autorités ont en effet annulé jeudi 4 juin à la dernière minute cet événement, au cours duquel l’ONG Avocats thaïlandais pour les droits humains devait présenter son rapport sur les violations des droits humains commises depuis le coup d’État militaire de 2014. Selon les médias, les autorités ont déclaré qu’il était « susceptible de causer des troubles ».

Les autorités doivent cesser de réprimer la liberté de parole et de réunion pacifique au nom de la sécurité. L’annulation de cet événement montre leur volonté de faire taire les critiques et va à l’encontre de leur obligation de respecter la liberté d’expression.

Rupert Abbott, directeur des recherches sur l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International

« Les autorités doivent cesser de réprimer la liberté de parole et de réunion pacifique au nom de la sécurité. L’annulation de cet événement montre leur volonté de faire taire les critiques et va à l’encontre de leur obligation de respecter la liberté d’expression, a déclaré Rupert Abbott, directeur des recherches sur l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« L’ONG Avocats thaïlandais pour les droits humains rendait public un rapport recensant toute une série d’atteintes aux droits humains commises depuis le coup d’État de 2014. Ironie du sort, elle dénonçait notamment l’annulation arbitraire par les autorités militaires de réunions et d’événements publics sur des sujets comme les droits humains : elles viennent d’en faire la preuve.

« Bien sûr, en annulant cette rencontre, les autorités thaïlandaises ont réussi à attirer l’attention sur le rapport et ses conclusions.

« La répression contre la dissidence pacifique en Thaïlande doit cesser. Les défenseurs des droits humains, les journalistes et tous les citoyens doivent jouir du droit de s’exprimer pacifiquement sans craindre d’être arrêtés. Les informations selon lesquelles des agents en civil photographiaient les personnes présentes sur les lieux de l’événement sont également inquiétantes : personne parmi les Avocats thaïlandais pour les droits humains ne doit être arrêté, poursuivi ni sanctionné uniquement pour avoir organisé une conférence de presse. »

Amnesty International demande une nouvelle fois que les charges soient abandonnées contre toutes les personnes poursuivies uniquement en raison de leur dissidence pacifique.

Dans la matinée du 4 juin, les autorités ont porté plainte contre quatre militants pour leur implication dans une réunion pacifique. Auparavant, elles avaient inculpé des étudiants de l’Université de Khon Kaen parce qu’ils s’étaient rassemblés pour protester à l’occasion de l’anniversaire du coup d’État de 2014.