RDC. Les suspects de l’attaque de Goma doivent pouvoir consulter un avocat et entrer en contact avec leur famille

Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont interpellé une cinquantaine de personnes lors d’une manœuvre de répression, qui a fait suite à l’attaque de l’aéroport de Goma et de plusieurs quartiers de la ville par des hommes armés il y a deux semaines. Ces personnes doivent de toute urgence être autorisées à consulter un avocat et à recevoir des visites de leur famille, et comparaître devant un tribunal afin de statuer sur la légalité de leur détention, a déclaré Amnesty International mardi 16 juin 2015.

« La Constitution congolaise énonce très clairement les droits des personnes arrêtées et placées en détention, a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et région des Grands Lacs d’Amnesty International.

« La détention sans possibilité de consulter un avocat ni de recevoir de visites de sa famille accroît le risque de torture et de mauvais traitements, ainsi que le risque de disparition forcée. »

La détention sans possibilité de consulter un avocat ni de recevoir de visites de sa famille accroît le risque de torture et de mauvais traitements, ainsi que le risque de disparition forcée. »

Sarah Jackson, directrice adjointe du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et région des Grands Lacs d’Amnesty International.

Quatre personnes, dont deux membres de la Garde républicaine en charge de la sécurité de l’aéroport, ont été tuées lors de l’attaque du 2 juin.

Le lendemain, 32 personnes ont été interpellées dans le cadre d’une opération de sécurité menée par la police nationale, la Garde républicaine et l’Agence nationale de renseignements (ANR). Au moins 43 autres personnes ont été arrêtées par la suite, portant le total à 75 détenus. Environ 25 d’entre eux ont été relâchés, selon l’un des détenus libérés.

Les autres sont toujours retenus à la prison de l’ANR, à Goma, et n’ont pas pu recevoir de visites de leur famille ni consulter un avocat, en violation de l’article 18(3) de la Constitution congolaise.

S’adressant à Amnesty International, certains membres de la famille de personnes arrêtées ont confirmé qu’ils n’avaient pas encore pu communiquer en direct avec leurs proches. Parmi eux, certains sont gravement malades et ont besoin de soins médicaux de toute urgence.

« Nous avons tenté en vain d’entrer en contact avec mon frère, qui compte parmi les personnes arrêtées, mais à chaque fois on nous a empêchés de le voir, s’est plaint un proche qui a préféré garder l’anonymat par peur des représailles. Maintenant, nous craignons le pire, nous ignorons s’il est encore en vie. »

Amnesty International déplore que les autorités n’aient ni relâché ni transféré les personnes arrêtées devant une autorité judiciaire compétente dans un délai de 48 heures, comme le prévoit l’article 18 (3) de la Constitution de la RDC.

« Les autorités congolaises ne doivent pas utiliser les questions de sécurité nationale comme prétexte pour piétiner les garanties d’une procédure régulière et les obligations qui leur incombent au titre du droit international relatif aux droits humains », a déclaré Sarah Jackson.

Amnesty International exhorte le gouvernement congolais à garantir que les personnes détenues ne soient pas soumises à la torture ni aux mauvais traitements, et à respecter le droit des détenus à comparaître sans délai devant un tribunal compétent en vue de contester la légalité de leur détention.