L’Azerbaïdjan doit libérer immédiatement et sans condition tous les détracteurs du gouvernement incarcérés injustement, afin que l’héritage des Jeux européens soit positif, a déclaré Amnesty International vendredi 26 juin à la veille de la cérémonie de clôture prévue le 28 juin.
La répression des droits humains à l’approche des Jeux européens s’est traduite par le harcèlement, l’intimidation et l’incarcération de journalistes, d’avocats, de jeunes militants et d’opposants politiques, sur la base d’accusations forgées de toutes pièces par le gouvernement répressif du président Ilham Aliyev.
« La tentative brutale d’instaurer une zone sans aucune critique autour des Jeux européens, en incarcérant et en intimidant les détracteurs et en interdisant la venue des journalistes étrangers et des organisations de défense des droits humains, s’est retournée contre les autorités, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
« La couverture de la répression par les médias internationaux, reflet de la situation en Azerbaïdjan, a montré au monde que ce pays a des choses honteuses à cacher. »
Au moins 20 prisonniers d’opinion se trouvent actuellement derrière les barreaux en Azerbaïdjan, uniquement pour avoir critiqué ou remis en cause le gouvernement. Le 10 juin, deux jours avant la cérémonie d’ouverture, Amnesty International s’est vue refuser l’entrée dans le pays pour le lancement d’un nouveau rapport. Le lendemain, on apprenait que des journalistes de The Guardian, de Radio France International et du radiodiffuseur allemand ARD avaient eu droit au même traitement.
Les événements olympiques se targuent d’adhérer aux valeurs de respect, de diversité et de compréhension mutuelle. Ils sont également censés laisser « un héritage exceptionnel sur les plans environnemental, social et économique, lequel peut changer une communauté, une région et un pays pour toujours ».
Malgré la large couverture médiatique du triste bilan de l’Azerbaïdjan en termes de droits humains, le Comité International Olympique (CIO) – l’organisme chargé de faire prévaloir ces valeurs – ne s’est pas exprimé sur le sujet. Le Comité olympique européen et la majorité des comités nationaux dont les équipes participent aux Jeux n’ont pas non plus condamné la répression. Seuls les Comités olympiques allemand et suédois ont publiquement fait part de leurs préoccupations quant aux violations des droits humains commises par les autorités azerbaïdjanaises.
Cependant, cette semaine, deux organismes intergouvernementaux importants ont condamné la situation des droits humains en Azerbaïdjan. Le 23 juin, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté une résolution demandant explicitement la libération des militants et des leaders de la société civile détenus injustement dans le pays.
Le 24 juin, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a publié une déclaration soutenue par 24 États européens et les États-Unis, faisant part de ses préoccupations quant au « rétrécissement de l’espace dédié à la société civile et à la liberté d’expression en Azerbaïdjan » et réclamant la fin de la répression.
« La répression contre la dissidence mise en œuvre au niveau national en amont des Jeux s’est muée en une manœuvre bien orchestrée visant à se soustraire à tout examen international, en interdisant les ONG et les médias étrangers. Si les autorités doivent retenir quelque chose de la couverture médiatique négative de leur bilan, c’est que le fait d’interdire des ONG et des médias n’est pas une bonne stratégie de relations publiques. Elles doivent cesser d’enfermer, de harceler et d’intimider les citoyens qui mettent en cause ou critiquent le gouvernement, a déclaré Denis Krivosheev.
« Afin d’inverser la tendance et pour que ces Jeux ne lèguent pas un héritage sérieusement terni, les autorités doivent mettre fin à la répression contre les ONG indépendantes, respecter la liberté d’expression et libérer sans délai et sans condition les détracteurs emprisonnés sur la base de fausses accusations. Quant aux Comités olympiques au niveau international, européen et national, ils doivent briser le silence assourdissant sur la situation des droits humains dans le contexte des Jeux et joindre leurs voix à celles qui s’expriment en faveur du changement. »