L’Arabie saoudite doit agir afin de protéger la minorité chiite au lendemain d’attentats contre des mosquées

Les autorités saoudiennes doivent immédiatement prendre des mesures pour protéger la minorité chiite du pays contre les violences motivées par l’intolérance religieuse et mettre fin à des décennies de discriminations systématiques, a déclaré Amnesty International vendredi 29 mai après le deuxième attentat meurtrier contre une mosquée chiite en une semaine.

L’attaque de vendredi 29 mai à Dammam, dans la province de l’Est, a fait au moins trois morts et un nombre inconnu de blessés pendant la prière du vendredi. Elle est survenue exactement une semaine après que 22 personnes ont été tuées lors d’un attentat contre une autre mosquée chiite à Qudaih, non loin, le 22 mai.

Si les autorités saoudiennes ne font pas preuve de transparence quant aux enquêtes qu’elles mènent sur ces atrocités, cela alimentera la perception selon laquelle elles restent indifférentes face à l’intensification des tensions et violences contre les chiites.

Said Boumedouha, Amnesty International

Selon la télévision d’État, le groupe armé connu sous le nom d’État islamique a revendiqué les deux attentats.

« Des membres de la communauté chiite d’Arabie saoudite ont été victimes d’attaques cruelles durant la prière du vendredi pour la deuxième semaine d’affilée. Attaquer des fidèles dans une mosquée est absolument injustifiable », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Si les autorités saoudiennes ne font pas preuve de transparence quant aux enquêtes qu’elles mènent sur ces atrocités, et ne prennent pas de mesures sérieuses et efficaces pour mettre fin aux discriminations et appels à la haine contre les chiites, cela alimentera la perception selon laquelle elles restent indifférentes face à l’intensification des tensions et violences contre les chiites.

« Les autorités ont dénoncé les appels à la haine contre les musulmans chiites, mais elles doivent traduire ces paroles en actes et en faire davantage pour protéger les membres de cette communauté contre de nouvelles attaques violentes. »

D’après des témoins, l’explosion de vendredi 29 mai a eu lieu dans le parking de la mosquée d’al Imam Hussein, dans le quartier d’al Anoud, à Dammam, environ un quart d’heure après le début de la prière du vendredi.

Un témoin a déclaré à Amnesty International : « C’est arrivé presque sous mes yeux. Une personne vêtue comme une femme marchait vers l’entrée réservée aux hommes parce que l’entrée des femmes était fermée. Quand il a vu que les organisateurs fouillaient les personnes qui entraient dans la mosquée, il a hésité et s’est éloigné. C’est là qu’un des [organisateurs] l’a vu, et quand il a essayé de l’arrêter, [l’agresseur] a fait détonner les explosifs. »

Ce témoignage contredit la déclaration officielle du ministère saoudien de l’Intérieur à ce propos, selon laquelle ce sont les forces de sécurité qui ont tenté de déjouer l’attaque.

Des photos et séquences vidéos macabres circulent sur Internet, et montrent semble-t-il des parties du corps des victimes dispersées dans la mosquée. L’hôpital central de Dammam a indiqué avoir reçu les restes de plusieurs victimes recueillis sur le site de l’attaque. L’intolérance religieuse – en particulier les appels à la haine envers les chiites – est en hausse en Arabie saoudite depuis le début de l’intervention lancée par les autorités saoudiennes et leurs alliés contre les forces houthies au Yémen voisin, qui observent les préceptes de l’islam chiite zaïdite.