Trois défenseurs des droits humains nominés pour le Prix Martin Ennals 2015

Ce prix vient récompenser des défenseurs des droits humains faisant preuve d’un engagement profond et de courage, au prix de risques personnels considérables. Les lauréats sont choisis par la communauté internationale des droits humains (voir la composition du jury ci-après). Le but de cette distinction est de mettre leur travail en avant et de les protéger en accroissant leur visibilité.

Robert Sann Aung (Myanmar)

Depuis sa première année à l’université en 1974, Robert Sann Aung se bat courageusement contre les atteintes aux droits humains. Il a été emprisonné à plusieurs reprises dans des conditions éprouvantes, agressé physiquement et régulièrement menacé. Ses études ont été interrompues de nombreuses fois et il a été rayé du barreau de 1993 à 2012. En 2012, il a de nouveau été autorisé à exercer. Depuis lors, il a représenté des enfants soldats incarcérés, des personnes ayant protesté contre l’ouverture d’une mine de cuivre, des manifestants politiques pacifiques, des personnes dont les terres ont été confisquées par l’armée, ainsi que des militants étudiants. Tout au long de sa carrière, il a fourni des services et des conseils juridiques, souvent bénévolement, à ceux dont les droits ont été bafoués. 

Il a déclaré : « Je suis ému et extrêmement honoré d’être nominé pour cette prestigieuse récompense. Cette nomination donne aux militants, défenseurs et promoteurs des droits humains qui se battent pour l’égalité, la justice et la démocratie au Myanmar la preuve que leurs efforts ne sont pas oubliés par le monde. C’est aussi une nomination pour les personnes qui sont à mes côtés au Myanmar, qui luttent avec moi en faveur d’améliorations, pour que les citoyens puissent vivre dans la dignité, selon des lois justes, conformément aux principes de la Déclaration des droits de l’homme des Nations unies. »

Asmaou Diallo (Guinée)

Elle a entamé son action en faveur des droits humains à la suite des événements du 28 septembre 2009, lors desquels l’armée guinéenne a attaqué des manifestants non violents. Plus de 150 personnes, dont son fils, ont été tuées et plus de 100 femmes ont été violées. Des centaines d’autres personnes ont été blessées. Elle et l’Association des parents et amis des victimes du 28 septembre 2009 (APIVA), qu’elle a fondée, agissent dans le but d’obtenir justice pour ces crimes et d’apporter un soutien médical et professionnel aux victimes d’agressions sexuelles, dont beaucoup ne peuvent rentrer chez elles. Elle œuvre afin d’encourager les témoins à se faire connaître et les soutient lorsqu’ils fournissent des informations et des témoignages dans le cadre de procédures judiciaires. Cela a porté ses fruits puisque 11 personnes ont été inculpées, dont de hauts-gradés de l’armée.

Elle a déclaré : « En tant que défenseure des droits humains en Guinée, cela me réconforte beaucoup d’être parmi les nominés de la Fondation Martin Ennals, ce prix m’encourage à poursuivre mon combat pour la protection et la promotion des droits humains en Guinée. Je pense que cette récompense aura un effet positif sur les procédures en rapport avec les événements du 28 septembre 2009, et qu’elle agira comme un levier pour tous les défenseurs des droits humains en Guinée. »

Ahmed Mansoor (Émirats arabes unis)

Depuis 2006, son travail porte sur la liberté d’expression et les droits civils et politiques. En 2006-2007, il a pris la défense de deux personnes emprisonnées pour avoir tenu des propos critiques sur la situation sociale, action couronnée de succès. Les poursuites ont été abandonnées et ces personnes ont été libérées. Peu après, le Premier ministre des Émirats arabes unis a interdit d’emprisonner les journalistes pour leur travail. Sa voix est l’une des seules aux Émirats à fournir une évaluation indépendante crédible de la situation des droits humains. Il fait régulièrement état de ses préoccupations quant à la détention arbitraire, à la torture, aux normes internationales d’équité des procès, au manque d’indépendance de la justice et au fait que certaines lois nationales sont contraires au droit international. Il a été incarcéré en 2011, et les autorités refusent depuis lors de lui délivrer un passeport et de le laisser voyager.

Il a déclaré : « Je suis très content d’être nominé pour le prix Martin Ennals. Cette récompense indique que nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes dans cette région du monde, que nos voix résonnent et que nos efforts sont appréciés par des personnes bien informées. J’espère que cette nomination mettra davantage en lumière les problèmes se posant aux Émirats arabes unis sur le terrain des droits humains. Oui, on y trouve plein de gratte-ciels et de grands centres commerciaux, et c’est une zone attractive pour les entreprises, mais il y a parallèlement à cela des combats de toutes sortes à mener. »

Le prix Martin Ennals sera remis lors d’une cérémonie qui aura lieu le 6 octobre 2015 à Genève.