Angola. Le procès d’un journaliste tourne en dérision la liberté d’expression

Le procès du journaliste angolais Rafael Marques de Morais tourne en dérision la liberté d’expression et les charges qui pèsent sur lui doivent être abandonnées immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International jeudi 23 avril, alors que le journaliste comparaissait de nouveau devant la justice pour diffamation.

Rafael Marques de Morais est sous le coup de 20 chefs d’accusation pour diffamation pour avoir publié en 2011, au Portugal, un livre mettant en lumière la corruption et les violations des droits humains dont se rendraient coupables des généraux de l’armée angolaise et des entreprises opérant dans les zones où les populations vivent de l’exploitation des diamants.

« Les poursuites engagées contre Rafael Marques de Morais traduisent les attaques nourries menées contre une personne et contre le droit à la liberté d’expression en Angola. Cet homme est pris pour cible uniquement parce qu’il a exprimé son opinion à propos des maux de la société dans ce pays. Cela doit cesser », a déclaré Noel Kututwa, directeur régional adjoint pour l’Afrique australe à Amnesty International.

Rafael Marques de Morais a reçu de nombreuses récompenses internationales prestigieuses et est reconnu pour son travail courageux en tant que journaliste. Il a été arrêté et détenu à plusieurs reprises en Angola.

Amnesty International suit le déroulement de ce procès depuis qu’il a débuté, en mars.

« À travers ses enquêtes journalistiques attentives, perspicaces et très estimées, Rafael Marques de Morais œuvre depuis longtemps dans le but d’obliger le gouvernement angolais à rendre des comptes pour les violations des droits humains et la corruption. Ce procès représente simplement un retour de bâton contre un homme qui lutte pour dénoncer les pires excès de l’État », a affirmé Noel Kututwa.

Des personnes visées dans le livre, notamment des hauts gradés de l’armée et des responsables de compagnies minières, avaient déjà tenté de le poursuivre en justice pour la publication de ce même livre au Portugal, mais le tribunal a prononcé un non-lieu.