Photo : Les conséquences des frappes aériennes qui ont détruit 14 maisons près de l’aéroport international de Sanaaau Yémen le 26 mars 2015. © Zakarya Dahman, avec la permission de The Yemen Times.
Au moins six enfants âgés de moins de 10 ans figurent parmi les 25 victimes des frappes aériennes menées par l’Arabie saoudite contre la capitale yéménite Sanaa dans la matinée du 26 mars, a déclaré Amnesty International après s’être entretenue avec des responsables hospitaliers et des témoins.
L’organisation s’est en effet entretenue avec du personnel médical de quatre hôpitaux différents, où les corps ont été conduits après avoir été extraits des décombres de 14 maisons touchées par les raids aériens, dans un quartier d’habitation près de l’aéroport international de Sanaa. Les autres victimes étaient des hommes, pour la plupart âgés de 30 à 50 ans. On pense que d’autres personnes sont encore ensevelies sous les décombres et au moins 20 blessés, dont quatre femmes, ont été admis à l’hôpital, présentant surtout des blessures par éclats d’obus.
Ce lourd bilan de victimes civiles touchées par ces raids pose des questions quant au respect des règles du droit international humanitaire. Toutes les forces armées, notamment saoudiennes, qui procèdent à des frappes aériennes au Yémen doivent prendre toutes les précautions nécessaires en vue d’épargner les civils.
Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International
« Cela suppose de vérifier que les cibles sont réellement des objectifs militaires et d’avertir les civils à l’avance lorsque les circonstances le permettent.
« Les groupes armés houthis et les forces armées yéménites sont également tenus, au titre du droit international humanitaire, de protéger contre les conséquences des attaques les civils se trouvant dans les zones qu’ils contrôlent, notamment en évitant dans la mesure du possible d’installer leurs combattants et leurs armements dans des zones résidentielles », a déclaré Said Boumedouha.
Étant donné le bilan des victimes civiles, l’Arabie saoudite et les États impliqués dans ces frappes aériennes doivent enquêter afin d’établir s’il y a eu violation du droit international humanitaire. Si des éléments de preuve indiquent que des crimes de guerre ont été commis, les suspects doivent être poursuivis dans le cadre de procès équitables.
Des responsables du ministère de la Santé du Yémen ont indiqué jeudi 26 mars que les raids aériens avaient fait 25 morts et une quarantaine de blessés. On ignore encore si des combattants figurent parmi les victimes.
Selon un urgentiste qui a été témoin des événements, la frappe aérienne près de l’aéroport a eu lieu peu avant 3 heures du matin (heure locale), dans le quartier résidentiel de Beni Hawat. Les groupes armés houthis avaient semble-t-il installé un poste de contrôle à 100 mètres de là, et contrôlaient la base d’al Daïlami à 500 mètres environ.
Les responsables saoudiens ont déclaré le 26 mars qu’ils avaient détruit « toutes les défenses aériennes des Houthis » sur la base d’al Daïlami, attenante à l’aéroport international de Sanaa.
Beni Hawat est l’un des sites aux alentours de la ville qui ont été frappés par les raids aériens dans la nuit. L’Arabie saoudite a annoncé qu’elle lançait une intervention militaire dans le cadre d’une coalition de 10 pays, notamment de cinq États du Conseil de coopération du Golfe, contre les groupes armés houthistes. Le gouvernement américain a annoncé le 26 mars qu’il allait fournir « un soutien en logistique et en renseignement » à la coalition ; d’autres gouvernements, notamment ceux du Royaume-Uni et de la Turquie, ont approuvé cette initiative.