La mort mardi 24 mars au matin, à Taizz, d’au moins huit manifestants pacifiques, abattus par des membres des forces de sécurité centrales yéménites fidèles à Houthi, témoigne d’un mépris flagrant pour la vie humaine, tandis que le pays s’enfonce dans le chaos, a déclaré Amnesty International.
Des médecins qui travaillent dans deux hôpitaux de la ville de Taizz ont affirmé à Amnesty International qu’au moins 119 autres personnes ont été admises pour des blessures infligées par les forces de sécurité depuis le début des manifestations contre les miliciens houthis dimanche 22 mars. La plupart ont été soignées pour inhalation de gaz lacrymogènes et au moins 38 pour des blessures par balles.
Les droits humains au Yémen sont en chute libre, même le fait de manifester pacifiquement devient une activité à très haut risque.
Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International
« Le chef des Houthis doit immédiatement maîtriser les forces de sécurité et les hommes armés sous son contrôle et leur donner comme instructions de ne pas recourir à la force contre des manifestants pacifiques, a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Les citoyens ne doivent pas risquer leur vie ni risquer d’être grièvement blessés parce qu’ils expriment leur mécontentement face à la prise de contrôle de plusieurs villes par les Houthis. »
« Le procureur général doit veiller à ce que ces agissements fassent sans délai l’objet d’enquêtes indépendantes. Les responsables présumés d’homicides illégaux et de recours arbitraire ou abusif à la force doivent être traduits en justice, dans le cadre de procès équitables. »
Les manifestations à Taizz ont débuté à l’aube du 22 mars, lorsque des centaines de personnes se sont rassemblées pour protester contre la prise de facto de Taizz par le groupe armé houthiste, qui a pris le contrôle d’infrastructures clés comme l’aéroport international.
L’autorité gouvernementale est contestée au Yémen depuis janvier 2015, date à laquelle le président Abd Rabbu Mansour al Hadi a démissionné sous la pression des Houthis, un groupe armé qui s’est emparé de la capitale en septembre 2014. Abd Rabbu Mansour al Hadi est alors parti à Aden, dans le sud du Yémen. Selon certaines informations, les forces des Houthis progressent actuellement vers Aden.