RDC. Libérez les défenseurs des droits humains

Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent libérer immédiatement et sans condition les défenseurs des droits humains arrêtés dimanche 15 mars dans la capitale, Kinshasa, pour avoir participé à une réunion. Les personnes dont la responsabilité pénale serait engagée dans ces arrestations arbitraires doivent répondre de leurs actes devant la justice, dans le cadre d’un procès équitable.

Des militants de la société civile, dont cinq jeunes, sont détenus depuis qu’ils ont été arrêtés, le 15 mars, au Centre Eloko ya Makasi, un centre culturel de la commune de Masina, à Kinshasa. Ils assistaient à une conférence de presse après un atelier sur l’engagement civique des jeunes dans les processus politiques. Un journaliste congolais détenu à leurs côtés a été relâché le 17 mars au soir.

« Les autorités de la RDC doivent libérer immédiatement les militants détenus pour s’être réunis pacifiquement et exprimés librement, a déclaré Christian Rumu, chargé de campagne à Amnesty International pour la région des Grands lacs.

« Ces arrestations montrent que l’État continue de réprimer la liberté de réunion pacifique à l’approche de l’élection présidentielle de l’an prochain. »

Amnesty International a appris de plusieurs sources qu’une trentaine de personnes, dont des étrangers, avaient été arrêtées par les forces de sécurité congolaises, qui avaient pris d’assaut les participants à la réunion. Certains agents étaient armés et en civil.

Bien que plusieurs des personnes interpellées aient été relâchées le jour même, des organisations de la société civile basées à Kinshasa soutiennent que d’autres sont toujours derrière les barreaux.

Fadel Barro, Aliou Sane et Malal Talla, du collectif sénégalais Y’en a marre, Ouedraogo Sibiri, du collectif burkinabé Balai citoyen, et Fred Bauma, du mouvement de jeunes congolais Lutte pour le changement (LUCHA), sont maintenus en détention.

Le journaliste Eric Izami, de la chaîne de télévision congolaise Antenne A, a été libéré le 17 mars au soir.

Le matin même, 10 autres militants de LUCHA avaient été interpellés à Goma alors qu’ils participaient à un sit-in devant le bureau provincial de l’Agence nationale des renseignements (ANR) pour protester contre les arrestations de militants à Kinshasa.

LUCHA est l’un des mouvements de jeunes de la société civile qui ont organisé la réunion interrompue par la police le 15 mars.

Les arrestations ont engendré un climat d’anxiété à Kinshasa, dans le sillage de la vague de répression qui a visé les libertés d’expression et de réunion en RDC ces derniers mois, pendant les discussions sur la modification du Code électoral.

« L’arrestation arbitraire d’un si grand nombre de militants en violation des dispositions fondamentales du droit international et leur détention au mépris total des procédures en vigueur sont un signal inquiétant, qui montre que l’espace de débat autour des élections se réduit rapidement », a déclaré Christian Rumu.

Selon un témoin oculaire, les forces de sécurité ont harcelé et malmené des personnes au moment des arrestations à Kinshasa.

« Les Sénégalais et les Burkinabés participant à la réunion ont été brutalisés et les Congolais, roués de coups. Certaines personnes ont été frappées au moyen de bâtons et on leur a cogné la tête violemment contre des voitures », a-t-il déclaré.

Amnesty International se joint à d’autres organisations de défense des droits humains, aussi bien locales qu’internationales, pour exhorter vivement l’État congolais à libérer les militants interpellés.

Le 17 mars, Radio France international (RFI) a cité le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui avait condamné la réunion et accusé les groupes de jeunes d’insurrection.

« Il est troublant de constater que la police tente d’empêcher des militants et des journalistes de débattre de l’engagement des citoyens dans le processus politique. L’État congolais doit montrer qu’il respecte les droits humains reconnus au niveau international en libérant immédiatement toutes les personnes arrêtées et en enquêtant sur les violations commises pendant les interpellations », a déclaré Christian Rumu.

Complément d’information

La réunion pendant laquelle les arrestations ont eu lieu avait été organisée par Filimbi, un mouvement de jeunes congolais en faveur de l’action civique. Des représentants de Y’en a marre, un groupe sénégalais de la société civile, participaient à cet atelier. Certains membres de ce collectif sont connus en RDC : ils ont joué un rôle important dans la mobilisation populaire contre la démarche de l’ancien président sénégalais visant à briguer un troisième mandat en 2012. Des membres du collectif burkinabé Balai citoyen, un groupe de la société civile qui a contribué à l’éviction du président Blaise Compaoré au Burkina Faso, en octobre 2014, étaient également présents à la réunion.

Pour obtenir plus d’informations ou prendre rendez-vous pour un entretien, veuillez prendre contact avec :

Mildred Ngesa, attachée de presse, Amnesty International-Afrique de l’Est, Grands lacs et Corne de l’Afrique : + 254 20 428 3020 / courriel : [email protected]

Christian Rumu, chargé de campagne à Amnesty International pour la région des Grands lacs : + 254 20 4283031 / + 254 736125471 / courriel : [email protected]