Cuba. La libération de prisonniers doit amorcer une nouvelle ère de liberté

La libération, les 7 et 8 janvier, de neuf opposants incarcérés par les autorités cubaines est une mesure positive qui doit s’accompagner d’un nouveau programme relatif aux droits humains à Cuba, a déclaré Amnesty International.

Des militants cubains ont confirmé la libération de cinq prisonniers politiques dans la soirée du mercredi 7 janvier et de quatre autres militants le lendemain.

Amnesty International avait reconnu trois de ces neuf hommes comme prisonniers d’opinion. On pense qu’il pourrait s’agir des premières libérations concernant plus de 50 prisonniers prévues dans le cadre d’un accord annoncé au mois de décembre en vue de « normaliser » les relations entre Cuba et les États-Unis.

« La libération de ces neuf prisonniers est une mesure importante en vue de réparer les injustices passées à Cuba. Nous espérons qu’elle sera suivie par la remise en liberté de toutes les personnes incarcérées pour des motifs politiques, a déclaré Erika Guevara Rosas, responsable du programme Amériques d’Amnesty International.

« Toutefois, nous avons reçu des informations très inquiétantes faisant état d’une augmentation des mesures de harcèlement et des détentions de courte durée visant les dissidents en 2014, mesures qui se sont poursuivies ces dernières semaines. La libération des prisonniers ne sera qu’un écran de fumée si elle ne s’accompagne pas d’un plus grand respect de l’expression libre et pacifique de toutes les opinions et des libertés fondamentales à Cuba. »

La Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale (CCDHRN) a recensé 8 899 détentions de courte durée en 2014, comparé à 6 424 en 2013.

Les prisonniers libérés le 7 janvier sont Bianco Vargas Martín et son frère jumeau Diango Vargas Martín, Enrique Figuerola Miranda, Ernesto Riveri Gascón et Lázaro Romero Hurtado, tous membres de l’Union patriotique de Cuba (Unión Patriótica de Cuba, UNPACU), parti d’opposition pacifique. Le 8 janvier, Emilio Planas Robert, Yohannes Arce Sarmientos, José Manuel Rodríguez Navarro et Yordenis Mendoza Cobas ont été libérés.

Amnesty International avait adopté comme prisonniers d’opinion les jumeaux Bianco Vargas Martín et Diango Vargas Martín, ainsi qu’Emilio Planas Robert, et avait fait campagne en faveur de leur libération.

D’autres prisonniers d’opinion, Iván Fernández Depestre et Alexeis Vargas Martín, frère aîné de Bianco et Diango, sont toujours derrière les barreaux.

Amnesty International demande leur libération immédiate et inconditionnelle.

Les trois frères Vargas Martín ont été arrêtés en novembre et décembre 2012 et condamnés pour troubles à l’ordre public à quatre ans de prison pour Alexeis et deux ans et demi pour les jumeaux. Emilio Planas Robert, arrêté en septembre 2012, a été condamné à trois ans et demi pour « dangerosité » à l’issue d’un procès sommaire un mois plus tard.

Aux termes de leur libération conditionnelle, ils doivent se présenter régulièrement aux autorités cubaines et ne sont pas autorisés à quitter leur province. Amnesty International estime qu’ils n’auraient jamais dû être arrêtés et demande aux autorités de lever sans délai ces restrictions.

« La bonne volonté affichée par les autorités cubaines au travers de cette série de libérations doit se traduire par la mise en place d’un nouveau programme relatif aux droits humains. Le prochain cap est le respect de la liberté d’expression, de réunion et d’association, si les autorités cubaines veulent rester crédibles au regard du monde qui a les yeux rivés sur l’île », a déclaré Erika Guevara Rosas.