Militante exemplaire, Maria Shongwe a surmonté un certain nombre d’obstacles auxquels sont confrontées de nombreuses femmes et jeunes filles en Afrique du Sud, notamment la pauvreté et le fait de vivre en étant séropositive au VIH. Dans la petite ville d’Amsterdam, près de la frontière avec le Swaziland, Maria (à droite) a été la première à révéler publiquement qu’elle était séropositive. Elle a aussi ouvert une voie en fondant le comité local de la Campagne d’action pour le traitement du sida (TAC), une grande organisation nationale qui s’efforce d’obtenir une meilleure prise en charge médicale des personnes séropositives. Grâce à la détermination de Maria, 50 personnes ont pu bénéficier d’un traitement antirétroviral qu’elles n’avaient pu obtenir dans le système public de santé. Maria a également décroché récemment des fonds de la loterie afin de financer la création d’un orphelinat. Elle travaille maintenant pour la TAC dans la municipalité de Mkhondo, dont les services de santé comptent parmi les plus mauvais du pays. Elle évoque pour nous quelques moments de sa vie et de son travail. « Il m’a violée » Je suis née au Swaziland. Tous les jours il fallait faire 35 km à pied pour aller à l’école et en revenir. Il y avait un type – c’était comme un oncle. Un jour il m’a prise sur son vélo. Il est allé dans la forêt et il m’a violée. C’était la première fois pour moi, et je suis tombée enceinte. Mais je ne pouvais rien faire. Parce que si tu es une fille et que tu dis quelque chose de ce genre à tes parents, ils disent : « Ce n’est pas possible. C’est que tu es amoureuse de cet homme. » « La loi n’en a rien faire de nous, les femmes » Plus tard, j’ai été mariée à quelqu’un ici, en Afrique du Sud. Après le décès de mon mari, sa famille a tout pris, même mes meubles. Je me suis bagarrée devant les tribunaux. J’ai fait autre chose aussi. J’en ai assez de voir les femmes subir des violences. Parce que la loi n’en a rien faire de nous, les femmes. J’ai décidé de tout quitter et de m’installer à Amsterdam. « Ne le dites à personne » J’ai parlé à la dame [du dispensaire] et je lui ai dit que j’étais séropositive [au VIH]. Elle m’a dit : « Non, ne dites à personne que vous avez été testée positive. » J’ai dit que je voulais de l’aide, parce que je ne savais pas ce que ce virus allait faire dans mon corps. Elle n’a pas compris. L’engagement Ma fille a commencé à être malade. Au bout de six mois, elle a été contrôlée positive au VIH. Il n’y avait pas de traitement par ici, alors elle est décédée. Elle avait 19 ans. Je me suis mise à aller aux groupes de soutien [de la TAC]. On commençait à parler de vivre avec ce virus, mais le traitement était introuvable ici. Je suis allée au dispensaire [privé] d’Iswepe, à 56 km d’ici, et j’ai parlé à l’infirmière. Elle a dit : « Les habitants d’Amsterdam peuvent commencer le programme [antirétroviral] parce que les gens d’ici ne veulent pas prendre les médicaments. » Mais c’était difficile parce que nous n’avons pas d’argent pour aller là-bas. Certains de ceux qui prennent les médicaments ne peuvent pas marcher. Je les prenais chez moi jusqu’à ce qu’ils aillent mieux. Je m’en occupais. Et je faisais du porte à porte. Sans aucun salaire. Je n’étais pas payée du tout. Quand je trouvais quelqu’un qui était malade, je lui disais ce qu’il fallait faire et je l’emmenais au dispensaire. Maintenant je suis conseillère [rémunérée] et je m’occupe des comités de la TAC dans toute la municipalité de Mkhondo. Des filles qui se prostituent « Nous sommes sur la route du Swaziland, la route qui va de Nelspruit à Durban – il y a beaucoup de gens qui passent par ici. Vous voyez les [jeunes] filles qui vont vendre leur corps aux chauffeurs. Il y a beaucoup de tavernes, de pauvreté. Les parents meurent et les enfants se retrouvent tout seuls. Les hommes donnent 20 rands (2 dollars), pour elles c’est beaucoup d’argent. Elles couchent avec des garçons à un âge très jeune. J’ai mis en place un groupe pour ces filles, pour les éduquer sur la manière de préserver leur santé.
Les femmes et les filles de la municipalité de Mkhondo, en Afrique du Sud, font partie des 12 communautés et personnes mises en avant dans la campagne d’Amnesty International Écrire pour les droits. Passez à l’action.