Azerbaïdjan. La détention de la journaliste Khadija Ismayilova vise de toute évidence à museler les médias indépendants

La décision rendue vendredi 5 décembre par un tribunal, qui autorise la détention provisoire de la journaliste d’investigation azerbaïdjanaise Khadija Ismayilova pendant deux mois, n’est rien moins qu’une nouvelle initiative visant à museler les médias indépendants dans le pays, a déclaré Amnesty International. « Cette mesure a tout d’une nouvelle tentative flagrante visant à museler les médias indépendants en Azerbaïdjan – Khadija Ismayilova est l’une des dernières voix indépendantes dans le pays, a déclaré John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « La décision rendue aujourd’hui fait suite à une longue série de tentatives pour la faire taire. Les autorités de l’Azerbaïdjan doivent cesser de harceler ainsi les journalistes qui ne font qu’exercer leur métier. » Khadija Ismayilova, reporter à Radio Free Europe et pour d’autres médias, critique ouvertement le régime et a publié plusieurs articles dans lesquels elle dénonçait la corruption et des violations des droits humains. Elle est poursuivie, de façon inexpliquée, pour « incitation au suicide ». Si elle est déclarée coupable, elle pourrait encourir trois à sept ans d’emprisonnement. Le 12 octobre, Khadija Ismayilova n’a pas été autorisée à quitter le pays pour se rendre à une conférence internationale sur la paix et les droits humains qui se tenait à Prague (République tchèque) car elle était sous le coup d’une interdiction de voyager émise par le parquet. Avant cela, le 3 octobre, elle avait été fouillée et détenue pendant quatre heures à l’aéroport international de Bakou alors qu’elle rentrait de Strasbourg (France), où elle avait exposé à des députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) la détérioration de la situation en matière de droits humains en Azerbaïdjan. Khadija Ismayilova fait également l’objet d’un autre procès pénal pour diffamation après avoir publié une photo d’un document vraisemblablement officiel désignant quelqu’un comme un informateur des services de renseignement azerbaïdjanais.