Synthèse sur les violences sexuelles et liées au genre dont sont victimes les femmes et les jeunes filles en Algérie

Le 25 novembre 2014, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Amnesty International publiera une synthèse sur les violences sexuelles et liées au genre dont sont victimes les femmes et les jeunes filles en Algérie. Les autorités algériennes ont pris cette année des mesures attendues de longue date afin de faire face aux violences sexuelles et liées au genre. Elles ont notamment adopté un décret, qui prévoit d’indemniser financièrement les femmes victimes de violences sexuelles perpétrées par les groupes armés pendant le conflit interne qui a ravagé l’Algérie dans les années 1990, au cours duquel des centaines, si ce n’est des milliers de femmes ont été enlevées et violées. Elles ont aussi annoncé des projets de loi qui, s’ils sont adoptés, érigeront en infractions pénales la violence physique à l’encontre d’un conjoint et le harcèlement sexuel dans des lieux publics. Cependant, Amnesty International estime que ces nouvelles mesures restent trop timorées et reflètent une approche fragmentaire du problème. « Si les autorités algériennes ont pris des mesures positives cette année, leur approche de la question reste au mieux sélective, voire symbolique », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Actuellement, aux termes du droit algérien, la protection des femmes et des jeunes filles victimes de violences sexuelles n’est pas adéquate, la définition du viol n’est pas conforme aux normes internationales et le viol conjugal ne constitue pas une infraction pénale. Une lacune juridique permet encore à l’auteur d’un viol d’échapper aux poursuites en épousant sa victime, si elle est mineure. L’Algérie doit de toute urgence adopter une réforme globale. » Les violences sexuelles ont marqué l’histoire récente de l’Algérie : des centaines, voire des milliers de femmes ont subi des violences durant le conflit qui a ravagé le pays dans les années 1990, et des séries d’agressions ont ciblé des femmes dans la ville pétrolière de Hassi Messaoud, tout d’abord en 2001, puis en 2010. Dans les deux cas, des groupes d’hommes non identifiés ont attaqué, la nuit, des femmes vivant seules. Certaines ont été violées, d’autres volées ou poignardées. À la connaissance d’Amnesty International, l’immense majorité des responsables n’a jamais eu à rendre des comptes. « La réponse des autorités face à de telles explosions de violences sexuelles et liées au genre s’est avérée tardive et insuffisante. Aucune mesure concrète n’a été prise pour veiller à ce que les victimes obtiennent justice, réparations et réadaptation, et pour que ces violences sexuelles ne se reproduisent plus », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui. « Les autorités algériennes ne doivent pas répéter les mêmes erreurs ; elles doivent mettre en œuvre des réformes globales et modifier les lois discriminatoires, afin d’offrir une protection satisfaisante aux femmes et aux jeunes filles contre les violences sexuelles et liées au genre. » Enfin, elles doivent agir pour que les responsables présumés de violences sexuelles soient tenus de rendre des comptes et pour faciliter l’accès des victimes à la justice, à la santé et à des services de soutien. Pour obtenir un exemplaire de la synthèse ou organiser un entretien, veuillez contacter : Service de presse d’Amnesty international, attachée de presse Afrique du Nord et Moyen-Orient : +44 207 413 5511 ou [email protected].