Bahreïn. Libérez la militante arrêtée pour avoir déchiré une photo du roi

La militante en faveur des droits humains arrêtée pour « outrage » au roi de Bahreïn après avoir déchiré une photo du monarque au tribunal mardi 14 octobre est une prisonnière d’opinion et doit être remise en liberté, a déclaré Amnesty International mercredi 15 octobre. Zainab Al Khawaja, qui faisait appel contre deux précédentes condamnations prononcées contre elle pour avoir déchiré des photos du chef de l’État, se trouve désormais en détention pour sept jours, le temps que les autorités mènent l’enquête. Si elle est reconnue coupable, elle risque jusqu’à sept ans d’emprisonnement. « Le placement en détention de Zainab Al Khawaja illustre l’intolérance grandissante des autorités bahreïniennes à l’égard des critiques quelles qu’elles soient, ainsi que leurs méthodes brutales face à l’opposition », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Elles doivent libérer immédiatement et sans condition cette femme et toutes les autres personnes incarcérées pour avoir exprimé pacifiquement leur avis. » Zainab Al Khawaja, qui est enceinte de plus de huit mois, a précédemment été condamnée à des peines de quatre mois de prison pour destruction de biens gouvernementaux lorsqu’elle a déchiré des photos du roi Hamad bin Issa Al Khalifa à deux occasions en mai 2012. La militante a été présentée le 15 octobre devant les services du procureur de Bahreïn, qui ont ordonné son placement en détention le temps d’une enquête sur les charges plus graves d’« outrage au roi, au drapeau national ou aux symboles du pays ». Les lois qui interdisent l’outrage, l’offense ou le manque de respect à l’égard des chefs d’État ou d’autres personnalités publiques sont contraires aux normes et au droit internationaux en matière de droits humains. Amnesty International a exhorté à maintes reprises les autorités bahreïnites à supprimer du Code pénal les dispositions érigeant l’exercice de la liberté d’expression en infraction. « Les autorités bahreïnites recourent à ces lois oppressives afin de faire taire les voix franches et dissidentes », a déclaré Said Boumedouha. « Les persécutions persistantes dont sont victimes les militants en faveur des droits humains et les autres opposants au gouvernement font ressortir l’incapacité des autorités à mettre en oeuvre les réformes promises. » Zainab Al Khawaja est la fille d’Abdulhadi Al Khawaja, militant connu et prisonnier d’opinion, qui purge actuellement une peine de réclusion à perpétuité pour son rôle dans les manifestations antigouvernementales de 2011. Elle a précédemment passé près d’un an en prison pour toute une série d’autres charges, avant d’être remise en liberté en février 2014. Il s’agissait notamment de « destruction de biens appartenant à l’État », « outrage à policière », « rassemblement illégal », « émeute » et « incitation à la haine envers le régime ».   Après avoir déchiré la photo le 15 octobre, elle aurait dit à la cour : « Je suis la fille d’un homme fier et libre. Ma mère m’a mise au monde libre, et je donnerai naissance à un petit garçon libre même si c’est en prison. C’est mon droit, et ma responsabilité de personne libre, que de protester contre l’oppression et les oppresseurs. » Après qu’elle a tendu la photo déchirée au juge, l’audience a été suspendue et elle a été placée en détention. D’autres militants ont subi des persécutions similaires à Bahreïn.   Nabeel Rajab comparaîtra devant un tribunal pénal le 19 octobre pour insultes publiques à l’égard d’institutions officielles, après avoir publié deux tweets le mois dernier sur les membres des forces bahreïnites de sécurité qui avaient rejoint le groupe armé de l’État islamique. Maryam Al Khawaja, la soeur de Zainab, est actuellement jugée pour « coups et blessures à l’encontre d’agents de police » à l’aéroport international de Bahreïn, bien qu’elle ait été libérée sous caution. Nader Abdulemam est actuellement en détention à la prison de Dry Dock pour avoir publié des commentaires sur Twitter jugés désobligeants à l’égard de Khalid ibn al Walid, un compagnon du prophète Mahomet et célèbre commandant musulman. Il est inculpé pour « outrage en public à une figure religieuse sacrée ».