Myanmar. Les autorités doivent cesser de persécuter sans fin un militant

Les autorités du Myanmar doivent cesser de persécuter sans fin un militant des droits humains bien connu qui comparaît de nouveau jeudi 11 septembre devant le tribunal, a déclaré Amnesty International, alors qu’il a déjà été condamné à près de 10 ans d’emprisonnement pour avoir participé à une veillée à la bougie, entre autres « infractions ».

Le 11 septembre, un tribunal de Yangon doit se prononcer sur Htin Kyaw, le dirigeant de l’organisation locale Mouvement pour la force actuelle de la démocratie (MDCF). Les autorités affirment que Htin Kyaw a incité la population à commettre des infractions « contre l’État ou contre l’ordre public ». Htin Kyaw a déjà été jugé à plusieurs reprises pour ces mêmes infractions depuis son arrestation en mai 2014, lors de procès qui se sont déroulés dans diverses municipalités. Ces condamnations s’ajoutant les unes aux autres, il doit actuellement purger une peine d’au moins neuf ans et quatre mois. « Les autorités du Myanmar doivent cesser de tenter sans arrêt de faire taire cette voix critique, a dit Rupert Abbott, directeur adjoint du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Les chefs d’inculpation dont devra répondre devant le tribunal Htin Kyaw sont absurdes. Il n’a rien fait d’autre qu’exprimer pacifiquement ses opinions. Il est un prisonnier d’opinion et doit être immédiatement remis en liberté sans aucune condition. » Htin Kyaw a été arrêté une première fois le 5 mai 2014 à Yangon, alors qu’il prononçait un discours et distribuait des tracts demandant la démission du gouvernement du Myanmar. Depuis lors, il a été inculpé à plusieurs reprises d’« infractions » prévues à l’article 505(b) du Code pénal et à l’article 18 de la Loi relative aux rassemblements et défilés pacifiques. Les autorités utilisent fréquemment ces deux textes législatifs à la formulation vague pour réduire au silence les opposants. « Malheureusement, le cas de Htin Kyaw ne représente que le sommet de l’iceberg – à travers tout le pays, un très grand nombre de militants pacifiques et de défenseurs des droits humains ont été pris pour cible, arrêtés et, pour plusieurs, incarcérés en 2014. Toutes les lois invoquées pour réduire les voix discordantes au silence doivent être abrogées ou modifiées sans tarder afin d’être conformes au droit et normes internationaux relatifs aux droits humains », a ajouté Rupert Abbott. Trois autres membres du MDCF ont été arrêtés pour avoir critiqué le gouvernement du Myanmar. Tin Maung Kyi et Zaw Win ont tous les deux été condamnés à un an et demi d’emprisonnement, et Naung Naung est un co-accusé de Htin Kyaw dans une autre affaire. Htin Kyaw a été fréquemment visé par les autorités ces dernières années. Condamné à 33 mois d’emprisonnement entre octobre et novembre 2013, il avait été libéré à la faveur d’une amnistie gouvernementale en décembre, pour être arrêté de nouveau un peu plus tard, le même jour.