Irak. Des yézidis capturés par l’EIIL alors que les attaques se multiplient

Amnesty International s’est entretenue avec des yézidis qui avaient été capturés en Irak par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et qui ont récemment été libérés, ainsi qu’avec des proches d’autres membres de cette communauté qui sont toujours détenus.

Au moins 24 gardes-frontières et soldats irakiens ont été capturés le mois dernier par l’EIIL dans le nord-ouest de l’Irak. Certains ont par la suite été libérés, d’autres sont toujours entre les mains de l’EIIL de l’autre côté de la frontière, dans le nord-est de la Syrie. Ils figurent parmi les nombreux membres d’autres minorités ciblées lors d’une vague d’attaques menée ces dernières semaines par l’EIIL et qui s’est soldée par des enlèvements et des séquestrations. Dans une vidéo diffusée le 29 juin par l’EIIL, intitulée The End of Sykes-Picot, ces hommes sont cités comme des « adorateurs du diable ».

« Il apparaît clairement que l’EIIL utilise un mode d’action qui consiste à cibler délibérément les minorités irakiennes et d’autres personnes qu’il soupçonne de s’opposer à lui, et d’en enlever et séquestrer les membres », a déclaré Donatella Rovera, conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise, actuellement en Irak du nord.

« Tous les jours, je rencontre des familles qui veulent à tout prix retrouver un fils, un mari ou un frère qui ont été capturés par des groupes de l’EIIL et dont elles ne savent ni où ils se trouvent ni ce qu’ils sont devenus. La plupart ne veulent pas que l’on cite les noms de leurs proches disparus car elles craignent pour leur sécurité. »

Des proches des gardes-frontières et soldats yézidis toujours maintenus en captivité par l’EIIL ont fait part à Amnesty International de leur très vive inquiétude.

« Nous sommes des gens simples et nous avons toujours vécu en harmonie avec nos frères et voisins musulmans, ont dit les parents de l’un de ces hommes. Nous en appelons à l’humanité de ceux qui détiennent notre fils afin qu’ils le rendent à ses enfants. »

Les membres de l’EIIL ont plusieurs fois tué leurs captifs, qu’il s’agisse de civils, de militaires ou de membres des forces de sécurité.

« Ceux qui tuent des personnes retenues prisonnières commettent un crime de guerre. Les combattants de l’EIIL ont par le passé fait preuve d’un mépris affligeant à l’égard de la moindre humanité. Quiconque est détenu doit être traité humainement », a ajouté Donatella Rovera.

L’organisation a aussi recueilli des informations sur une série d’enlèvements de membres de minorités opérés par l’EIIL, à l’encontre de Turkmènes et des Shabaks chiites, des yézidis et des chrétiens. Des musulmans sunnites soupçonnés de s’opposer à l’EIIL ont également été visés. On a retrouvé les corps sans vie de personnes enlevées ces derniers jours.

Le 30 juin, Amnesty International a rencontré un adolescent de 16 ans et un jeune homme, tous deux membres d’une minorité irakienne, qui avaient été relâchés la veille. Ils avaient passé 10 jours aux mains de l’EIIL à Mossoul. Ils n’ont pas été maltraités mais encouragés à se convertir à l’islam.

L’EIIL n’est pas le seul groupe à avoir tué des personnes capturées. Amnesty International a recueilli des informations sur des exécutions extrajudiciaires massives de détenus sunnites par les forces gouvernementales irakiennes et par des milices chiites. Cela se serait passé ces dernières semaines.

« Le conflit en Irak est en train de se transformer en une lutte vindicative et agressive pour la survie, alors que les attaques se multiplient et que toutes les parties tuent en toute illégalité des membres d’autres communautés », a déclaré Donatella Rovera.

Amnesty International demande à toutes les parties au conflit de traiter les détenus avec humanité et de faire savoir clairement à tous ceux qui sont sous leur commandement qu’aucun crime de guerre ne sera toléré, qu’il s’agisse de meurtres de captifs, de torture, de prises d’otages ou d’autres crimes.