Irak. Les civils doivent être protégés après la prise de Mossoul par les insurgés

Les civils se trouvant au milieu des combats dans la ville irakienne de Mossoul doivent être protégés à tout prix et pouvoir quitter la zone de conflit en toute sécurité, a déclaré Amnesty International après qu’environ 500 000 personnes eurent été forcées à fuir leur domicile dans ce secteur. « La prise de Mossoul par des groupes d’opposition armés est une évolution profondément inquiétante, qui a de graves conséquences pour les droits humains en Irak », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Les deux camps doivent veiller à ce que les civils ne paient pas le tribut le plus élevé à ces violences, à l’heure où les combats se poursuivent pour le contrôle de la ville. » Les autorités irakiennes ont annoncé mardi 10 juin que les forces de sécurité avaient perdu le contrôle de Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays. Celle-ci est tombée aux mains de groupes d’opposition armés appartenant à l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), après des affrontements armés les 7 et 8 juin. Les violences récentes ont déjà forcé près d’un demi-million de personnes à fuir Mossoul et les alentours pour gagner des régions voisines, selon des chiffres rendus publics par l’Organisation Internationale pour les Migrations le 10 juin. Mossoul est la deuxième ville prise par des groupes armés appartenant à l’EIIL au cours des six derniers mois, après que les forces de sécurité irakiennes ont été forcées à se retirer de Fallouja, dans le gouvernorat d’Anbar, en janvier. À Anbar, les combats auraient mené au déplacement de près d’un demi-million d’Irakiens depuis janvier et causé quelque 5 520 décès de civils. « Il ne fait aucun doute que le conflit à Mossoul aggravera les souffrances des Irakiens. Les groupes armés de l’EIIL et les forces irakiennes de sécurité ne doivent pas faire subir aux habitants de cette ville les mêmes violences que ceux de Fallouja ont connues, et ils ne doivent pas empêcher les civils de fuir la zone », a déclaré Said Boumedouha. Fallouja a fait l’objet de bombardements aveugles de la part des forces gouvernementales ces six derniers mois ; des hôpitaux et des zones résidentielles ont notamment été touchés. L’EIIL a revendiqué plusieurs attentats à la voiture piégée dans d’autres régions d’Irak en représailles aux attaques du gouvernement. « Le gouvernement régional du Kurdistan et les pays voisins doivent proposer un refuge aux civils fuyant le conflit », a déclaré Said Boumedouha. « La communauté internationale doit par ailleurs apporter son aide afin de répondre aux besoins humanitaires des personnes déplacées par ces violences. » Les affrontements ayant lieu à Mossoul surviennent au beau milieu de négociations portant sur la formation d’un nouveau gouvernement, quelques semaines après que la Haute commission électorale indépendante d’Irak a annoncé les résultats des élections législatives d’avril. Selon certaines informations rendues publiques mercredi 11 juin, les forces de l’EIIL ont pris le contrôle de la ville de Tikrit, à environ 150 km au nord de Bagdad.