Les droits sexuels et reproductifs sont menacés partout dans le monde

La santé et la vie de millions de personnes dans le monde sont menacées parce que les autorités de leur pays ne leur garantissent pas leurs droits sexuels et reproductifs, a déclaré Amnesty International jeudi 6 mars, jour du lancement d’une campagne mondiale sur cette question.

« Il est incroyable que, au vingt-et-unième siècle, certains pays tolèrent le mariage précoce et le viol conjugal et que d’autres interdisent l’avortement, les rapports sexuels en dehors du mariage et les relations homosexuelles, a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Les États doivent prendre des mesures concrètes – non seulement en abrogeant les lois oppressives, mais également en promouvant et en protégeant les droits sexuels et reproductifs, en assurant leur mission d’information, de sensibilisation et de service et en mettant fin à l’impunité pour les violences sexuelles. »

La nouvelle campagne Mon corps, mes droits d’Amnesty International vise à donner aux personnes les moyens de vivre librement leur sexualité.

Une synthèse publiée par Amnesty International montre la répression croissante des droits sexuels et reproductifs dans de nombreux pays du monde, qui font passer les politiques répressives avant les droits humains et les libertés fondamentales.

Ce document met en avant des conclusions de recherches et des données statistiques qui laissent entrevoir un avenir périlleux pour la prochaine génération si le monde continue de fermer les yeux sur la répression des droits sexuels et reproductifs.

La campagne Mon corps, mes droits incite les jeunes du monde entier à connaître et revendiquer leur droit de prendre les décisions concernant leur santé, leur corps, leur sexualité et leur reproduction sans subir de contrôle des autorités, sans peur, sans contrainte et sans discrimination. Elle vise en outre à rappeler aux leaders mondiaux leur obligation de prendre des mesures concrètes, notamment en garantissant l’accès aux services de santé.

À l’occasion du lancement de cette campagne, le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, a rencontré des femmes dans des localités rurales au Népal – où de nombreuses filles sont forcées à se marier étant enfants et où plus d’un demi-million de femmes souffrent d’un prolapsus utérin (descente d’organes), un problème de santé handicapant résultant de grossesses à répétition et de travaux pénibles.

Khumeni vit dans l’une de ces localités. Elle avait 15 ans quand ses parents ont décidé qu’il était temps pour elle de se marier. Elle a vécu 10 grossesses et a été envoyée dans l’étable de la famille pour chaque accouchement. Elle a dû porter des charges lourdes alors qu’elle était enceinte et n’a eu parfois qu’une semaine pour se remettre après l’accouchement. À cause de tout cela, elle a eu un prolapsus utérin mais elle est restée sans traitement chirurgical pendant huit ans.

Au cours de cette campagne qui durera deux ans, Amnesty International publiera une série de rapports sur des pays où les droits sexuels et reproductifs sont bafoués.

Il s’agira notamment de présenter la situation de jeunes filles forcées à épouser leur violeur au Maghreb ; de femmes et de jeunes filles se voyant refuser une interruption de grossesse malgré la menace de se retrouver en mauvaise santé voire de mourir au Salvador et dans d’autres pays ; et de filles contraintes d’accoucher très jeunes au Burkina Faso.

Au Maroc, Amina, 16 ans, s’est suicidée après avoir été forcée à épouser l’homme qui l’avait violée. À l’époque, la législation marocaine permettait à son agresseur d’échapper aux poursuites pour son crime s’il se mariait avec elle. Au Burkina Faso, le sexe est un sujet tabou. La contraception n’est pas répandue et les grossesses non prévues sont très courantes. Hassatou n’avait que 13 ans lorsqu’elle est tombée enceinte. Elle ignorait qu’un rapport sexuel pouvait entraîner une grossesse. Après la naissance de son bébé, sa famille l’a jetée à la rue avec lui. Au Salvador, l’avortement est illégal, même en cas de viol ou lorsque la santé ou la vie d’une femme ou d’une jeune fille est menacée, et les violences à l’égard des femmes et des filles demeurent répandues. En Irlande, les femmes et les jeunes filles encourent 14 ans de prison si elles avortent alors que leur vie n’est pas menacée par leur grossesse.

Amnesty International estime que toute personne devrait être libre de décider si, quand et avec qui elle a des relations sexuelles ; si et quand elle se marie ou a des enfants, et comment se protéger au mieux d’une mauvaise santé sexuelle et du VIH.

« Avec la campagne Mon corps, mes droits, nous voulons aider la prochaine génération à obtenir et revendiquer ses droits sexuels et reproductifs. Ensemble, nous voulons faire comprendre clairement et sans équivoque aux États que ce genre de contrôle abusif viole les droits humains et qu’il est tout simplement inacceptable », a déclaré Salil Shetty.