Écrire pour les droits : lorsqu’une idée simple devient une force mondiale

Tous les ans, au moment de la Journée des droits de l’homme (10 décembre), des centaines de milliers de personnes aux quatre coins du monde envoient un message à quelqu’un qu’elles n’ont jamais rencontré. C’est une méthode éprouvée par Amnesty : 52 années de défense des droits humains ont montré que les mots avaient le pouvoir de changer des vies. L’année dernière, des militants de 77 pays au moins ont participé à notre marathon annuel d’écriture de lettres, et engagé 1,9 million d’actions – un record. Depuis le lancement d’« Écrire pour les droits » à l’échelle mondiale, en 2002, des millions de personnes ont pris part à cette opération d’Amnesty International. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, dit un sage dicton. Aujourd’hui, Écrire pour les droits (le Marathon des lettres) est la plus grande manifestation mondiale relative aux droits humains. Cet événement a vu le jour il y a 12 ans, lors d’un festival, en Pologne, à la suite de la rencontre entre un garçon et une jeune fille qui a eu une idée brillante. Grzegorz Zukowski, d’Amnesty Pologne, raconte : « À Varsovie, le coordonnateur d’un groupe local d’Amnesty, Witek Hebanowski, animait un événement lors d’un festival. Une jeune fille, Joanna, s’est adressée à lui. Elle disait qu’en Afrique, où elle venait de séjourner, on organisait des manifestations de 24 heures pour écrire des lettres de protestation aux gouvernements. « Comme Witek souhaitait la revoir, il lui a demandé de venir à la réunion de son groupe local d’Amnesty. Ils ont décidé d’écrire des demandes d’action urgente pendant 24 heures à partir de midi le samedi suivant, puis de compter le nombre de lettres écrites. « Ils ont envoyé leur idée par courriel à tous les autres groupes polonais et leur projet a pris une ampleur considérable, réunissant des militants de tout le pays », relate Grzegorz Zukowski. Puis l’effet de contagion a opéré. « Ils ont écrit aux bureaux d’Amnesty du monde entier. Les gens ont commencé à répondre en envoyant des photos d’eux-mêmes en train d’écrire des lettres – devant les chutes du Niagara, au Japon, en Mongolie. L’initiative, d’abord locale et spontanée, n’a cessé de grandir. » Depuis, chaque mois de décembre, Écrire pour les droits – désormais le nom officiel du marathon – incite des milliers d’individus à écrire des lettres à des gouvernements lointains en faveur de personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées. La manifestation revêt une ampleur considérable pour les bureaux d’Amnesty de toute la planète. Certains y participent encore « à la polonaise », sans dormir pendant 24 heures intenses. D’autres préfèrent un marathon plus en douceur, qui dure plusieurs jours ou semaines pour que les gens puissent écrire des lettres quand leur emploi du temps le leur permet. La section polonaise d’Amnesty International a conservé le format classique du marathon de 24 heures, considéré aujourd’hui comme la plus grande manifestation de défense des droits humains dans le pays. « Tout endroit où a lieu le marathon doit rester ouvert toute la nuit », explique Grzegorz. La publicité est fondamentale : « Nous essayons d’impliquer des personnalités ». Et elle fait toujours mouche au niveau local : « La force motrice du marathon, ce sont les quartiers, les villages, et les groupes locaux, souligne Grzegorz. Les groupes scolaires sont ceux qui écrivent le plus de lettres. Notre record est détenu par Bircza, un village de 1 000 habitants. En 2011, ils ont écrit 13 000 lettres ».  « Je crois que l’immense popularité de l’initiative est liée à sa grande simplicité et à son caractère attrayant, continue Grzegorz. L’histoire de chacune des personnes pour lesquelles ou auxquelles les gens écrivent est très importante. Beaucoup de gens ne se seraient jamais intéressés à ces récits, s’ils n’en prenaient pas connaissance à cette occasion. Une fois par an, ils ont l’occasion d’ouvrir leur esprit à ce qui se passe dans le monde. »