Inde. Une enquête est requise de toute urgence tandis que les manifestations se poursuivent au Cachemire

Les autorités indiennes doivent veiller à ce qu’une enquête exhaustive et indépendante soit diligentée de toute urgence sur l’homicide de quatre manifestants et sur l’utilisation présumée de balles réelles contre des personnes ayant par la suite exprimé leur mécontentement dans l’État de Jammu-et-Cachemire, a déclaré Amnesty International lundi 22 juillet. « Il est vital que les autorités mènent dans les meilleurs délais des enquêtes approfondies et indépendantes sur ces homicides et sur d’autres informations selon lesquelles la police a employé une force excessive lors des manifestations qui s’en sont suivies à travers l’État de Jammu-et-Cachemire », a indiqué Shashikumar Velath, directeur des programmes à la section indienne d’Amnesty International. Des actions de protestation ont éclaté dans de nombreuses villes après que des membres des forces paramilitaires aient tué quatre manifestants à Gool, dans le district de Ramban, le 18 juillet. Des dizaines de personnes ont alors été blessées, dans le cadre d’affrontements de grande ampleur opposant la police aux manifestants à travers cet État du nord de l’Inde. Dans plusieurs villes, des manifestants ont bravé les couvre-feux mis en place au cours du weekend ; certains ont mené des actions violentes. Les forces de sécurité auraient réagi en recourant à une force excessive, notamment en tirant à balles réelles sur les cortèges. « Toutes les personnes dont les agissements ont causé des blessures, voire la mort, doivent être déférées à la justice. Les forces de sécurité de l’État de Jammu-et-Cachemire ont trop souvent bénéficié de l’impunité par le passé, notamment dans des affaires très récentes. Les autorités doivent prendre toutes les mesures qui s’imposent pour garantir que les responsables présumés soient poursuivis devant des tribunaux civils », a ajouté Shashikumar Velath. Des résidents du district de Ganderbal ont déclaré à des journalistes que deux personnes avaient été grièvement blessées le 19 juillet lorsque des policiers de l’État de Jammu-et-Cachemire et des paramilitaires des Forces centrales de réserve de la police ont ouvert le feu sur des manifestants, dont certains jetaient des pierres. La police a affirmé n’avoir utilisé que des fusils à plomb. Il semble par ailleurs que les forces de sécurité aient tiré à balles réelles sur des manifestants dans les zones de Qazigund et Koimoi (sud du Cachemire), également le 19 juillet. Complément d’information Le 18 juillet, quatre personnes ont été tuées et 42 autres blessées à Gool (district de Ramban) quand des paramilitaires des Forces de sécurité des frontières (BSF) ont ouvert le feu sur des manifestants mécontents que les forces de sécurité aient, semble-t-il, malmené un dignitaire religieux. Les BSF ont affirmé que leurs membres n’ont tiré qu’en état de légitime défense lorsque les manifestants sont devenus violents. Des témoins ont cependant souligné que les membres des BSF ont tiré au hasard sur la foule. Il est par ailleurs indiqué dans un rapport préliminaire de la police de l’État de Jammu-et-Cachemire que les éléments de la BSF avaient tiré sur les manifestants de manière « injustifiée » et « sans discernement ». Le ministère indien de l’Intérieur et le gouvernement de l’État de Jammu-et-Cachemire ont ordonné l’ouverture d’enquêtes sur ces homicides. Les responsables de violations du droit international humanitaire commises dans cet État depuis 1989, dont des homicides illégaux, des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et des milliers de disparitions forcées, continuent systématiquement de bénéficier de l’impunité. Pendant l’été 2010, plus de 100 jeunes gens ont été abattus par la police dans le contexte de manifestations – la plupart de ces cas n’ont pas fait l’objet d’enquêtes sérieuses.