Inde. L’attaque des maoïstes risque d’engendrer de nouvelles violences et de faire de nouvelles victimes parmi les civils

L’homicide de 24 personnes, dont trois personnalités politiques et huit policiers, dans l’État du Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde, le 25 mai, pourrait déboucher sur une escalade de la violence dans cet État, mettant en danger la vie de civils – notamment des communautés locales d’adivasis (aborigènes), a mis en garde Amnesty International. « Nous condamnons fermement la prise d’otages et le meurtre de civils dans l’État du Chhattisgarh, actes qui constituent de graves violations des droits humains », a déclaré Shashikumar Velath, directeur des programmes d’Amnesty International Inde. Selon la police, environ 250 maoïstes lourdement armés ont pris en embuscade un convoi de dirigeants du Parti du Congrès sur la route reliant Jagdalpur à Sukma, à hauteur de Bastar. Ils ont fait exploser deux véhicules et ont ouvert le feu sans discrimination. Les attaquants ont abattu plusieurs dirigeants du Parti du Congrès, notamment l’ancien ministre de l’Intérieur du Chhattisgarh, Mahendra Karma, le président du Parti au niveau de l’État Nand Kumar Patel et son fils Dinesh. Nand Kumar Patel et son fils auraient été pris en otages avant d’être assassinés. L’attaque a également fait 33 blessés, dont un ancien ministre fédéral, V.  Shukla. D’après les policiers, l’un des leurs est toujours porté disparu. Le Parti communiste indien (PCI – maoïste), groupe armé d’opposition interdit par le gouvernement central, a revendiqué cette attaque. Dans une note de quatre pages adressée à des médias choisis, le groupe a déclaré qu’un détachement de l’Armée de guérilla de libération du peuple (PLGA) avait mené cette attaque en vue de « punir » ceux qui avaient mis en place la milice civile anti-maoïste Salwa Judum en 2005 et mis en vigueur « des politiques hostiles au peuple » dans le Chhattisgarh. Dans cette lettre, le groupe a par ailleurs assuré regretter la mort dans cette embuscade de quelques « travailleurs innocents du Congrès », tout en soulignant qu’il était pertinent de prendre pour cible un parti politique. Précédemment, le Parti communiste indien (maoïste) avait appelé à faire grève pour protester contre la mort de huit villageois adivasis, dont trois enfants, assassinés par les forces paramilitaires le 17 mai. Les attaques ciblant intentionnellement des civils, et les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle – notamment le meurtre sous toutes ses formes, les traitements cruels et les tortures – vont à l’encontre des principes fondamentaux de l’humanité, tels qu’ils sont inscrits dans le droit international humanitaire. « Les autorités doivent mener une enquête approfondie et impartiale sur les attaques et veiller à ce que les responsables présumés soient jugés équitablement, sans encourir la peine de mort. Elles doivent aussi protéger les communautés adivasis contre la discrimination, la violence et les actes de harcèlement, a poursuivi Shashikumar Velath. « Le CPI (maoïste) comme les forces gouvernementales doivent s’abstenir de toute attaque qui pourrait directement ou indirectement causer des victimes parmi la population civile. Les autorités doivent sans délai prendre les mesures qui s’imposent pour prévenir toute nouvelle attaque, notamment de représailles, qui pourrait toucher les civils. » Mahendra Karma a largement contribué à la création de la milice civile anti-maoïste soutenue par l’État, connue sous le nom de Salwa Judum. À la suite de violations des droits humains généralisées, notamment des homicides, des viols et d’autres crimes de violence sexuelle, imputables aux membres de Salwa Judum, la Cour suprême indienne a interdit cette milice et ordonné son désarmement en 2011. Pourtant, les autorités de l’État ont intégré ses 3 000 membres dans une force de police auxiliaire qui est toujours active. Au cours des huit dernières années, le Chhattisgarh a connu une escalade de la violence entre les forces gouvernementales et les maoïstes, qui affirment défendre la cause des adivasis contre l’ordre politique établi. Ces affrontements donnent régulièrement lieu à des homicides, des prises d’otages et d’autres attaques contre la population civile. Plus de 30 000 adivasis sont toujours déplacés à l’intérieur du pays.