Arabie saoudite. Une année sans aucune enquête sur les homicides survenus autour de manifestations

Alors que des Saoudiens dans la province de l’Est s’apprêtaient à descendre dans la rue pour rendre hommage aux 14 personnes, au moins, tuées l’an dernier dans le cadre de manifestations, Amnesty International a lancé un appel aux autorités du pays afin qu’elles enquêtent sur ces homicides. L’organisation les a également priées de ne pas recourir à une force excessive contre les gens qui manifesteraient ce jeudi 8 novembre au soir dans la ville d’Al Qatif. « Bien que les autorités se soient engagées à enquêter sur la mort de plusieurs personnes détenues par les forces de sécurité, rien ne prouve qu’elles l’aient jamais fait, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Les autorités doivent sortir de leur silence et rendre publics aussi bien les détails que les résultats de toute investigation. Elles doivent aussi faire savoir si des fonctionnaires soupçonnés d’homicides illégaux ont été traduits en justice. « En outre, il leur incombe de veiller à ce que les personnes qui défileront aujourd’hui puissent exercer leur droit de réunion pacifique et à ce qu’aucune force excessive ne soit utilisée contre elles. » La manifestation de ce 8 novembre est le début d’une action commémorative qui se déroulera jusqu’à l’anniversaire du premier de ces homicides, perpétré le 21 novembre 2011. Les récits varient sur les circonstances de la mort de ces personnes. D’après des témoins, certaines ne participaient pas aux manifestations ou, si elles le faisaient, elles ne représentaient qu’un risque faible, voire nul, pour les forces de sécurité. Selon des sources officielles, d’une manière générale les homicides ont eu lieu après que les manifestants eurent utilisé la violence contre les forces de sécurité, notamment en ouvrant le feu, et qu’à une occasion deux membres de ces forces ont été tués. Toute manifestation est interdite en Arabie saoudite. Cependant, des actions ont eu lieu depuis février 2011 dans la province de l’Est, une région essentiellement chiite, pour protester contre l’arrestation, l’incarcération et le harcèlement de membres de la communauté chiite à qui il était reproché d’avoir organisé des réunions de prière collective, célébré des fêtes religieuses chiites ou brisé les restrictions à l’édification de mosquées et d’écoles religieuses chiites. Ces manifestations se sont en partie inspirées du vent de protestation qui a balayé la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord en 2011. Les autorités saoudiennes ont réagi en prenant des mesures répressives contre les manifestants, réels ou supposés, ou contre ceux qui avaient soutenu les actes de protestation ou exprimé des opinions critiques à l’égard de l’État. Des manifestants ont été détenus sans inculpation ou au secret pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Dans certains cas ils auraient été torturés ou autrement maltraités en détention.