Iran : le frère d’un condamné à mort a été arrêté, semble-t-il parce qu’il a donné des interviews

Majid Sedeghi a été arrêté dans la matinée du 11 octobre, peu avant le moment où son frère Saeed Sedeghi devait être exécuté à la prison d’Evin à Téhéran. Les autorités iraniennes doivent le libérer, à moins qu’il ne soit inculpé d’une infraction reconnue par le droit international, a déclaré Amnesty International. Majid Sedeghi a été arrêté chez lui par deux agents des forces de sécurité en civil, le 11 octobre à l’aube. La veille, il avait donné des interviews à BBC Persian, le service d’information en langue persane de la BBC, et à Voice of America, au sujet de son frère Saeed Sedeghi, employé de magasin condamné à mort à l’issue d’un procès inique pour trafic de stupéfiants au mois de juin. Jusqu’à présent, il n’a pas pu entrer en contact avec sa famille, qui n’a pas été informée du motif de son interpellation, pas plus que du lieu où il a été conduit. « Si Majid Sedeghi est détenu uniquement pour s’être exprimé sans violence en faveur de son frère, comme le lui permet le droit international, en donnant des interviews sur l’affaire Saeed Sedeghi, il doit être remis en liberté immédiatement et sans condition », a indiqué Ann Harrison, directrice adjointe du programme Afrique du Nord d’Amnesty International. Mercredi 10 octobre, Saeed Sedeghi a été transféré en compagnie de 10 autres hommes de la prison de Ghezel Hesar à celle d’Evin, en vue de son exécution. On pensait qu’elle aurait lieu jeudi 11 octobre au matin, mais l’on sait désormais que son exécution a été fixée au samedi 13 octobre. « Accorder un sursis de deux jours face à la mort, quand il faudrait un nouveau procès dans l’équité non susceptible de déboucher sur une sentence capitale, difficile en ce cas de parler de justice. Les autorités iraniennes savent parfaitement qu’en exécutant un condamné pour une infraction liée au trafic de stupéfiants, elles bafouent les normes internationales relatives aux droits humains ; elles doivent en finir immédiatement avec cette pratique, a poursuivi Ann Harrison. « En outre, elles doivent veiller à ce que Majid Sedeghi ne soit pas soumis à des actes de torture ni à d’autres mauvais traitements en détention. » Peu après l’arrestation de Majid Sedeghi, sa mère a appelé le numéro d’urgence de la police pour s’enquérir de son sort. Les policiers lui ont répondu qu’ils ne pouvaient pas l’aider et que ses proches n’auraient pas dû donner des interviews au sujet de l’exécution imminente. Dans la matinée du 11 octobre, la mère de Majid Sedeghi s’est rendue à la prison d’Evin et au centre de détention de Kahrizak, également situé à Téhéran, pour obtenir des informations sur le sort réservé à son fils. Dans ces deux prisons, les agents lui ont répondu qu’ils ne savaient rien à son sujet. Les familles de 10 autres prisonniers transférés à la prison d’Evin pour être exécutés se trouvaient devant la prison pour tenter d’obtenir des informations et de savoir si les exécutions avaient eu lieu, lorsque les autorités carcérales les ont avisées que les exécutions avaient été reportées au 13 octobre. L’Iran se place au deuxième rang, derrière la Chine, s’agissant du nombre de personnes exécutées chaque année. Sur les 344 personnes qui auraient été exécutées depuis le début de l’année 2012, la majorité d’entre elles avaient été déclarées coupables d’infractions liées aux stupéfiants.