France : de nombreux Roms se retrouvent sans abri après avoir été expulsés de force d’un campement près de Paris

Environ 150 Roms, dont une soixantaine d’enfants, se retrouvent à la rue en région parisienne, après avoir été expulsés de force de leur campement, rasé au bulldozer lundi 15 octobre au matin, a déclaré Amnesty International. L’expulsion forcée qui s’est déroulée à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, dans l’est parisien, s’inscrit dans le cadre d’une série d’opérations similaires qui ciblent les campements roms en France depuis quelques mois. « Les autorités de Seine-Saint-Denis ont totalement failli à leurs obligations relatives aux droits humains dans la mise au point et la mise en œuvre de cette opération, qui constitue une expulsion forcée, a déclaré Marek Marczyñski, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Dans un scénario devenu par trop familier pour les communautés roms en France, de nombreuses familles, avec de jeunes enfants, ont une nouvelle fois été laissées sans abri, les autorités locales n’ayant pas proposé de solution de relogement. » Pas moins de 150 Roms de Roumanie vivaient depuis deux ans dans des abris faits de bric et de broc sur le site de Noisy-le-Grand. En avril 2012, le tribunal de la ville voisine de Bobigny a statué que ce site devait être évacué à partir du 13 juin. Le jugement évoquait les conditions de vie précaires et faisait observer qu’étant donné le grand nombre d’enfants, un délai de deux mois – standard dans la plupart des cas d’expulsions – serait accordé afin de donner aux habitants le temps de trouver une solution de relogement. Le 8 octobre, la préfecture de la Seine-Saint-Denis a organisé une réunion afin de discuter des meilleures pratiques à mettre en place lors de l’opération d’expulsion du campement illicite de Noisy-le-Grand. Si des organisations non gouvernementales (ONG) locales étaient présentes, les Roms n’y ont pas été conviés et aucune date précise n’a été donnée pour l’expulsion. Des policiers et des représentants de la préfecture se sont rendus sur le site à plusieurs reprises au cours de la semaine précédant l’expulsion, et ont averti les habitants de manière informelle qu’elle aurait lieu le 15 octobre au matin. Depuis mi-septembre, des policiers, souvent en civil, sont venus au campement et ont conseillé aux habitants de quitter les lieux en raison de l’imminence de l’expulsion – ce qui les a laissés dans le doute quant à la date exacte prévue. D’après les médias et des militants locaux, lundi 15 octobre vers 8h15, une dizaine de fourgons de police a encerclé le site. Les habitants disposaient d’une heure pour rassembler leurs affaires et partir. Une heure plus tard, le campement était évacué et les bulldozers commençaient à raser les abris de fortune. Les Roms ont attendu devant le bureau du maire toute la journée, mais il a refusé de rencontrer quiconque au sujet de cette opération d’expulsion. Les 150 Roms concernés attendent toujours devant la mairie, sans savoir où se mettre à l’abri. « Nous sommes désemparés. Nous tentons de trouver des solutions afin qu’ils ne passent pas la nuit dans la rue », a confié à Amnesty International Didier Cusserne, militant local. « L’action irréfléchie des autorités locales a conduit à cette situation tragique pour les nombreux Roms installés sur ce site de Noisy-le-Grand. Aujourd’hui, elles doivent coopérer avec les familles afin de trouver une solution de relogement acceptable, conformément aux normes internationales relatives aux droits humains, a indiqué Marek Marczyñski. « Les autorités françaises doivent veiller à ce que toutes les expulsions soient menées en conformité avec les obligations qui incombent à la France aux termes du droit international relatif aux droits humains. Les familles ne doivent pas se retrouver sans domicile à la suite d’une expulsion. » Le cas du campement non autorisé de Noisy-le-Grand figure dans un rapport d’Amnesty International sur les expulsions forcées de Roms en Ile-de-France, qui doit être publié en novembre.