Bangladesh. Il faut protéger les minorités et traduire en justice les incendiaires

Il faut déférer à la justice les auteurs présumés des incendies criminels visant des temples et des villages bouddhistes dans le sud du Bangladesh, et prendre des mesures pour garantir la protection des minorités ethniques, a déclaré Amnesty International. Plus de 20 temples et monastères bouddhistes et au moins un temple hindou, de même que de très nombreuses maisons et boutiques, ont été incendiés dans les villes de Cox’s Bazar et de Chittagong (sud du Bangladesh) lors de violences qui se sont déroulées le week-end du 29 septembre et le lundi 1er octobre, après que des milliers de personnes eurent manifesté contre la publication sur le réseau social Facebook d’une image du Coran jugée offensante. « L’ampleur et la férocité de ces attaques effroyables contre des minorités ethniques ont choqué les musulmans comme les non-musulmans, ainsi que toute la société civile du pays, a déclaré Abbas Faiz, chercheur sur le Bangladesh à Amnesty International. Les autorités bangladaises doivent tout faire pour que ceci ne se reproduise pas. « Amnesty International appelle les dirigeants de tous les partis politiques à condamner publiquement les violences contre les minorités et à demander fermement à leurs membres de ne pas prendre part à de tels actes. « Les informations inquiétantes selon lesquelles la police n’aurait pas assuré la protection des minorités ethniques, alors même qu’elle avait reçu des informations concernant des attaques imminentes, doivent faire l’objet d’une enquête. » L’inspecteur général adjoint de la police de Chittagong a déclaré à Amnesty International le 2 octobre qu’une enquête allait être ouverte sur les informations selon lesquelles le fonctionnaire de policie responsable du poste de Ramu, à Cox’s Bazar, avait failli à son devoir de garantir la sécurité des minorités. Il a par ailleurs indiqué que 300 personnes environ avaient été arrêtées. « Le mandat défini pour l’enquête demandée par le ministère de l’Intérieur doit être rendu public, a déclaré Abbas Faiz, et des mesures vigoureuses doivent être mises en place pour protéger tous les témoins amenés à déposer, qu’ils soient bouddhistes, hindous ou autres. « Les personnes qui apparaîtront comme les responsables présumés des incendies criminels doivent être traduites en justice, dans le respect des normes internationales relatives à l’équité des procès. Par ailleurs, il faut fournir un hébergement à toutes les personnes touchées par les violences et les aider à reconstruire leurs maisons et leurs lieux de culte. » C’est la première fois, selon les observateurs, que l’on assiste à des attaques d’une telle ampleur contre des lieux de culte de minorités au Bangladesh.