Libye. Rien ne saurait justifier l’attaque contre le consulat des États-Unis

L’attaque contre le consulat américain à Benghazi, qui a causé la mort d’au moins quatre personnes, dont l’ambassadeur des États-Unis en Libye, J. Christopher Stephens, et fait plusieurs blessés, est un acte inexcusable, dont les auteurs doivent être déférés à la justice, a déclaré Amnesty International. Selon les informations recueillies par l’organisation, l’attaque contre le consulat américain à Benghazi, dans l’est de la Libye, par des hommes armés a commencé dans la soirée du 11 septembre et a duré environ deux heures. Les assaillants auraient utilisé des lance-roquettes et des armes antiaériennes. Ils ont continué de s’en prendre aux membres du personnel du consulat qui tentaient de s’enfuir et d’atteindre le bâtiment qui abrite leurs logements. Cette attaque a fait au moins quatre morts, dont l’ambassadeur des États-Unis, qui était en visite à Benghazi à ce moment-là. Selon certaines informations, les policiers et les agents des forces de sécurité, débordés, ont pris la fuite. « Nous condamnons cette attaque délibérée contre des civils, qui tentaient de se mettre en sécurité et de fuir le consulat américain. Rien ne saurait justifier de tels agissements et les responsables doivent être déférés à la justice », s’est indignée Suzanne Nossel, directrice exécutive de la section américaine d’Amnesty International. Le ministère libyen de l’Intérieur a publiquement déclaré que cette attaque était liée à la vague de protestation qui a éclaté lorsque des extraits d’un film de propagande anti-islam, réalisé par une personne installée aux États-Unis, ont été traduits en arabe et postés sur Internet. Dans ces clips, le prophète Mahomet et d’autres personnalités révérés par les musulmans sont présentés de manière insultante, ce qui a profondément blessé de nombreux musulmans. « Aussi injurieux que puisse être ce film, cela ne saurait en aucune façon justifier ces homicides ni les flambées de violence. Si la religion et la culture sont au cœur de la vie de nombreuses personnes, elles ne peuvent servir d’excuse pour bafouer les droits humains, a affirmé Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Ces agissements illustrent une nouvelle fois la nécessité pour les autorités libyennes de faire rentrer dans le rang les groupes armés et les milices qui agissent au-dessus des lois. » Dans une récente déclaration, le Congrès national général s’est dit déterminé à ériger en infraction et à sanctionner les homicides illégaux, les actes de torture et le non-respect de la loi en général. Cependant, un an après la chute de Tripoli aux mains des révolutionnaires (thuwwar), les groupes armés continuent de commettre des violations des droits humains, notamment des homicides illégaux, des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture et des déplacements forcés. Les auteurs de tels agissements demeurent impunis. Les autorités libyennes doivent mener une enquête exhaustive, indépendante et impartiale, et traduire en justice les responsables présumés des homicides, dans le cadre de procès équitables, et sans recourir à la peine de mort. Les États doivent protéger la vie et la sécurité de toutes les personnes relevant de leur juridiction. Ils sont tenus pour ce faire de se conformer strictement au droit international et aux normes internationales relatives aux droits humains, notamment en respectant le droit à la liberté de réunion pacifique et en agissant de manière proportionnée pour faire appliquer la loi et maintenir l’ordre. « Les récentes attaques et les atteintes aux droits humains persistantes imputables aux groupes armés, ainsi que l’incapacité de l’État à protéger les civils et à faire respecter le droit national et international, assombrissent l’avenir de la Libye, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui. « Le risque est réel que les violations des droits humains qui ont conduit à la ” Révolution du 17 février ” se reproduisent et s’aggravent. »