Irak. Il faut enquêter sur une vague d’attentats meurtriers

Les autorités irakiennes doivent de toute urgence ouvrir une enquête approfondie et impartiale sur la vague d’attentats et de fusillades qui a déferlé sur l’Irak dimanche 9 septembre. Elle se serait soldée par au moins 81 morts, pour la plupart des civils, et de très nombreux blessés, a déclaré Amnesty International. Les attentats qui ont frappé plusieurs villes paraissent coordonnés et semblaient viser des civils irakiens. Des membres des forces de sécurité et des forces armées auraient également été pris pour cibles. Des attentats à la voiture piégée – les plus meurtriers – ont endeuillé plusieurs quartiers majoritairement chiites. « Cette terrible vague d’attentats témoigne d’un mépris total pour l’humain. Les autorités irakiennes doivent mener des investigations immédiates, approfondies, impartiales et transparentes, en vue de déférer les responsables devant les tribunaux et de les juger dans le cadre d’une procédure respectant les normes internationales les plus strictes en matière d’équité, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Rien ne saurait justifier de prendre délibérément pour cibles des civils. Ces actes odieux font preuve d’un mépris total pour les normes internationales relatives aux droits humains et les principes fondamentaux de l’humanité. » Plusieurs attentats perpétrés dans le sud de l’Irak – notamment dans les villes de Bassora et d’An Nasiriyah, et dans un marché proche du mausolée de l’imam Ali al Sharqi – ont également fait des victimes. Par ailleurs, il semble qu’un attentat commis près de Kirkouk, ville du nord du pays, visait des personnes faisant la queue pour être embauchées dans une usine de pétrole, tandis que deux explosions à Kirkouk même ont fait trois morts et de nombreux blessés. Personne n’a encore revendiqué la responsabilité de ces attentats. Jugé par contumace Ces attentats ont eu lieu alors qu’un tribunal irakien a condamné à mort le vice-président irakien Tareq al Hachemi qui a été reconnu coupable, ainsi que son gendre, Ahmed Qahtan, d’avoir donné l’ordre de tuer un avocat et un responsable chiite des services de sécurité. Tareq al Hachemi, en poste depuis 2005, se trouve aujourd’hui en Turquie. Il nie toutes ces accusations, affirmant qu’elles sont motivées par des considérations politiques. « La peine de mort est une violation du droit à la vie et le châtiment le plus cruel, dégradant et inhumain qui soit. Cette dernière condamnation s’inscrit dans un retour croissant, et très inquiétant, à la peine capitale en Irak. Nous appelons les autorités irakiennes à commuer immédiatement la sentence prononcée contre Tareq al Hachemi », a conclu Hassiba Hadj Sahraoui. Complément d’information Au mois de décembre, la chaîne de télévision nationale Al Iraqiya a diffusé les « aveux » d’hommes présentés comme les gardes du corps de Tareq al Hachemi, qui disaient avoir tué des policiers et des agents de ministères en échange d’argent qu’il leur a versé. Ces agissements violent les normes d’équité des procès, notamment le droit à la présomption d’innocence. L’un de ces gardes du corps, Amer al Battawi, est mort en détention en mars 2012, après avoir été incarcéré pendant trois mois. Sa famille aurait déclaré que son corps présentait des marques de torture. Niant les accusations de torture, les autorités irakiennes ont déclaré qu’Amer al Battawi était mort d’insuffisance rénale. L’une des employées de Tareq al Hachemi se trouve actuellement derrière les barreaux. Rasha Nameer Jaafer al Hussain, qui travaillait au cabinet du vice-président irakien, a été arrêtée sans mandat le 1er janvier 2012 au domicile de ses parents, à Bagdad. Les forces de sécurité ont affirmé qu’elles l’emmenaient pour l’interroger et qu’elle serait de retour deux heures plus tard. Ses proches ignorent où elle se trouve depuis plusieurs semaines. Une deuxième femme, Bassima Saleem Kiryakos, a été libérée sans inculpation, semble-t-il, aux alentours du 10 avril. Elle avait été arrêtée à l’issue d’une descente effectuée à son domicile, à Bagdad, par plus de 15 agents armés des forces de sécurité en uniforme militaire. Ceux-ci n’avaient pas de mandat d’arrêt. Pour en savoir plus, veuillez entrer en contact avec le Service de presse d’Amnesty International, à Londres, au Royaume-Uni : +44 (0) 20 7413 5566 ou [email protected].