Libye. Le gouvernement central doit protéger les résidents de Kufra des affrontements entre milices

Le Conseil national de transition (CNT) libyen doit prendre des mesures afin que les habitants de la ville de Kufra (sud-est du pays) soient mis à l’abri des tirs inconsidérés et reçoivent un accès immédiat aux soins, a déclaré Amnesty International alors que de nouveaux combats opposent des milices armées. Ces affrontements entre milices armées ont éclaté à Kufra vendredi 20 avril après l’homicide d’un membre de la tribu tabou par des agresseurs non identifiés. D’après des résidents et des professionnels de la santé locaux, 10 personnes sont mortes et plus de 30 ont été blessées. « Le CNT doit intensifier ses efforts visant à mettre fin à ces affrontements, auxquels les résidents de Kufra ont payé un lourd tribut », a souligné Hassiba Hadj Sahroui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Il doit veiller à ce que les blessés puissent recevoir des soins médicaux sans être victimes de discrimination. Si les hôpitaux locaux ne peuvent faire face au nombre croissant de blessés, les cas les plus critiques doivent être immédiatement évacués vers des établissements où ils pourront bénéficier des soins dont ils ont besoin. » Des résidents ont déclaré à Amnesty International que le quartier majoritairement tabou de Qurdufai avait été pilonné par des milices arabes utilisant des mitrailleuses de défense anti-aérienne et des mortiers. Certains se sont également plaints de coupures d’eau et d’électricité. Selon des résidents, Aisha Mohamed a été tuée samedi 21 avril lorsque son domicile de Qurdufai a été pilonné. Des professionnels de la santé travaillant dans une clinique de fortune du quartier de Qurdufai qui a été touché ont dit à Amnesty International qu’ils avaient prodigué des soins à au moins huit femmes et 10 enfants depuis le début des hostilités ; la plupart présentent des blessures par balle et des lésions causées par des éclats de métal. Une fillette de six ans, membre de la famille Jaballah Ali, a été conduite à la clinique lundi 23 avril, le corps hérissé de blessures provoquées par des éclats, après que son domicile des environs de Qurdufai eut été pilonné. La clinique Libye, un autre établissement situé dans un quartier tabou, éprouve des difficultés à répondre au nombre grandissant de blessés, parmi lesquels une femme âgée atteinte par des éclats de métal. Des professionnels de la santé et des bénévoles œuvrant dans ces deux cliniques ont évoqué la grave pénurie d’équipements médicaux et de personnels formés, ajoutant que les Tabous blessés, craignant les attaques de milices arabes, évitaient de se rendre à l’hôpital principal de Kufra. En février, les affrontements entre milices ont fait plus de 100 morts à Kufra avant que les efforts de réconciliation et l’implication de l’armée nationale libyenne ne débouchent sur une interruption temporaire des violences. Des milices se sont également battues dans la ville de Sabha (sud du pays) en mars ; les combats ont fait plus de 150 morts et 350 blessés d’après des organisations humanitaires. Sous Mouammar Kadhafi, les Tabous, minorité noire, étaient victimes de discriminations autorisées par l’État. Les Tabou ont été soumis à des expulsions forcées, ainsi qu’à des arrestations et maintiens en détention arbitraires. On leur refuse souvent le renouvellement de leurs papiers d’identité, de leur permis de conduire et de leur passeport. Certains Tabous affirment qu’ils continuent à subir des discriminations de la part des communautés arabes. Parallèlement, les populations arabes de cette zone accusent des Tabous non libyens, originaires de pays comme le Tchad et le Soudan, de s’ingérer dans les affaires libyennes et de prendre part aux combats.