Une blogueuse cubaine se voit refuser un visa de sortie pour se rendre à la première d’un film au Brésil

Le gouvernement cubain doit réformer un système arbitraire d’octroi de permis de sortie qui touche tous les Cubains et lui sert à sanctionner la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International lundi 6 février, alors qu’une blogueuse bien connue s’est vu une nouvelle fois interdire de se rendre à l’étranger. Vendredi 3 février, les services cubains de l’immigration ont refusé de délivrer à la blogueuse et militante Yoani Sánchez un visa de sortie appelé tarjeta blanca (carte blanche), et ce pour la 19e fois en quatre ans. Comme précédemment, aucun motif n’a été avancé pour justifier ce refus. L’auteure bien connue de Generación Y avait été conviée à prendre la parole lors de la projection en avant-première au Brésil, dans l’État de Bahía, le 10 février, d’un documentaire sur la liberté d’expression à Cuba et au Honduras. Le Brésil lui avait déjà délivré un visa pour se rendre dans le pays. « Il est difficile d’interpréter le refus répété du gouvernement cubain de délivrer des visas de sortie à des détracteurs tels que Yoani Sánchez autrement que comme une mesure de représailles pour l’expression de leurs opinions politiques et leur militantisme légitime, a déclaré Javier Zúñiga, conseiller spécial d’Amnesty International. « Ceux qui luttent pour la liberté d’expression, d’association et de mouvement doivent être autorisés à sortir du pays et à y revenir sans restrictions arbitraires. Les autorités cubaines doivent également cesser de recourir à d’autres tactiques visant à réprimer la dissidence pacifique. » Le président cubain Raúl Castro doit mettre en œuvre les changements en matière de politiques migratoires qu’il avait promis dans le cadre d’une série de réformes annoncées en 2011. Le blog de Yoaní Sánchez parle de la vie quotidienne sur l’île et des nombreuses restrictions imposées aux droits civils et politiques des Cubains. Son militantisme politique non violent est mis en relief dans le nouveau documentaire du réalisateur brésilien Dado Galvão Connection Cuba Honduras. Les autorités cubaines ayant tout récemment fait part de leur décision de ne pas l’autoriser à se rendre au Brésil, Yoani Sánchez a partagé sa frustration via Twitter : « Je me sens comme une otage retenue par quelqu’un qui ne veut rien entendre, qui ne donne pas d’explication. Si tous ces efforts servent à braquer les projecteurs sur l’absurdité de la politique migratoire dans laquelle nous Cubains sommes tous coincés, alors cela en vaut la peine. » Le travail de la blogueuse lui a valu de nombreuses récompenses à l’étranger. Cependant, les autorités cubaines l’ont à chaque fois empêché d’assister aux cérémonies de remise de ces prix. Le 20 janvier, Amnesty International a écrit au ministre des Relations extérieures du Brésil, l’exhortant à intervenir pour que Yoani Sánchez soit autorisée à quitter Cuba. En visite d’État à Cuba le 31 janvier, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a indiqué que la blogueuse avait obtenu un visa pour entrer au Brésil, mais s’est abstenue de faire pression sur le gouvernement cubain pour qu’elle soit autorisée à sortir du pays.