Égypte. La libération du blogueur Maikel Nabil met fin à une «épreuve cruelle»

La libération d’un blogueur et prisonnier d’opinion égyptien, condamné à l’issue d’un procès manifestement inique, aurait dû intervenir des mois plus tôt, a déclaré Amnesty International mardi 24 janvier. « Nous nous réjouissons vivement de ce que la terrible épreuve vécue par Maikel Nabil aux mains du Conseil militaire ait pris fin, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. « Cependant, sa vie a été gâchée pendant 10 longs mois. Maikel Nabil n’aurait jamais dû être arrêté. Il convient d’effacer les condamnations inscrites sur son casier judiciaire et de lui accorder des réparations pour ce calvaire. « Tout au long de son procès, les autorités égyptiennes ont fait preuve d’un total mépris envers ses droits. Il semble qu’elles aient parfois joué avec sa vie, en laissant son état de santé se dégrader à un point tel que beaucoup craignaient pour sa vie. « Le Conseil suprême des forces armées aurait dû libérer Maikel Nabil il y a longtemps. Il est honteux de constater qu’il s’y résout maintenant pour échapper aux critiques à l’occasion de l’anniversaire du 25 janvier. » Après avoir été appréhendé à son domicile, au Caire, le 28 mars, le blogueur Maikel Nabil a été condamné le 10 avril par un tribunal militaire à trois ans de prison pour avoir critiqué le recours de l’armée égyptienne à la force face aux manifestants sur la place Tahrir et parlé de son objection au service militaire. Il a entamé une grève de la faim en août et n’ingérait plus que des liquides, ce qui lui a fait perdre beaucoup de poids ; les autorités pénitentiaires ont alors refusé de lui fournir les médicaments dont il a besoin pour ses problèmes cardiaques. Durant le procès, le tribunal militaire a cependant refusé de le remettre en liberté, même provisoirement, pour qu’il puisse recevoir des soins médicaux. En décembre, il a été condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement à l’issue d’un nouveau procès. Le 21 janvier, le Conseil suprême des forces armées a annoncé qu’il serait gracié, tout comme près de 2 000 autres prisonniers condamnés par des tribunaux militaires. En août, le Conseil suprême a reconnu que près de 12 000 civils dans le pays avaient comparu devant des tribunaux militaires, et ce dans le cadre de procès manifestement iniques. Au moins 13 d’entre eux ont été condamnés à mort. Amnesty International estime que ce type de procédure viole les obligations fondamentales de respect de la légalité et d’équité des procès. « Il est choquant de constater que sous l’autorité du Conseil suprême des forces armées les tribunaux militaires ont jugé plus de civils en un an que sous les 30 années du régime de Hosni Moubarak », a conclu Hassiba Hadj-Sahraoui.