Une décapitation pour «sorcellerie» en Arabie saoudite suscite l’indignation

La décapitation d’une femme reconnue coupable de « sorcellerie » est révoltante et montre à quel point il est urgent d’arrêter les exécutions en Arabie saoudite, a déclaré Amnesty International lundi 12 décembre. Le ministère de l’Intérieur a annoncé que la Saoudienne Amina bint Abdul Halim bin Salem Nasser avait été exécutée lundi 12 décembre dans la province d’Al Jawf, dans le nord du pays. Il n’a pas donné plus d’informations sur les charges retenues contre cette femme. « Soumettre quelqu’un au châtiment cruel et ultime de l’exécution alors que la “sorcellerie” n’est pas définie comme un crime en Arabie saoudite est révoltant », a déclaré Philip Luther, directeur par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Nous ignorons les faits que les autorités accusaient cette femme d’avoir commis mais savons que l’accusation de sorcellerie a fréquemment été utilisée en Arabie saoudite pour punir, généralement à l’issue d’un procès inique, des personnes ayant simplement exercé leur droit à la liberté d’expression ou de religion. » Il s’agit de la deuxième exécution de ce type au cours des derniers mois. En septembre, un Soudanais avait été décapité dans la ville de Médine après avoir été reconnu coupable de chefs d’accusation de « sorcellerie ». Il était semble-t-il passé aux aveux après avoir été torturé, et il avait été jugé en l’absence d’un avocat. Le nombre d’exécutions a presque triplé cette année en Arabie saoudite. À ce jour au moins 79 personnes – dont cinq femmes – ont été exécutées, contre 27 en 2010. Plusieurs centaines de personnes seraient sous le coup d’une condamnation à mort, dont un grand nombre après avoir été reconnues coupables d’infractions à la législation sur les stupéfiants. Le plus souvent, ces personnes ne bénéficient pas de l’assistance d’un avocat et ne sont pas informées de l’évolution de la procédure engagée contre elles. « La forte progression du nombre de condamnations à mort en Arabie saoudite est extrêmement préoccupante, a déclaré Philip Luther. Nous demandons régulièrement aux autorités saoudiennes de décréter un moratoire, comme première étape vers l’abolition de la peine capitale. Le droit international prévoit que, là où elle est encore utilisée, la peine de mort ne doit être prononcée que pour les crimes les plus graves. » En Arabie saoudite, la peine capitale est appliquée à un grand nombre d’infractions allant du meurtre et du viol à des infractions telles que le blasphème, l’apostasie, la sorcellerie, l’adultère et les infractions à la législation sur les stupéfiants. En décembre 2010, l’Arabie saoudite a été l’un des quelques pays à voter contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur d’un moratoire mondial sur les exécutions.