Malaisie. De nouvelles détentions montrent un revirement quant aux promesses de réforme

Le gouvernement malaisien doit mettre fin aux détentions relevant de la Loi relative à la sécurité intérieure, a déclaré Amnesty International jeudi 17 novembre, après que les autorités ont indiqué avoir utilisé cette loi pour placer 13 personnes en détention cette semaine. La police a arrêté ces personnes les 13 et 14 novembre à Tawau, une ville de l’État du Sabah, dans l’est de la Malaisie. Sept d’entre elles sont malaisiennes et les six autres sont étrangères. La Loi relative à la sécurité intérieure, qui autorise la détention illimitée sans inculpation ni jugement, est utilisée pour emprisonner des détracteurs du gouvernement et des responsables politiques de l’opposition, ainsi que des extrémistes présumés. Ces arrestations sont les premières depuis que le Premier ministre, Najib Razak, a annoncé en septembre que son gouvernement abrogerait cette loi et la remplacerait pas une nouvelle législation en matière de sécurité. « Le gouvernement malaisien a vidé de tout sens son projet d’abandonner la Loi relative à la sécurité intérieure en l’utilisant pour placer à nouveau des personnes en détention, a souligné Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. « Il ne suffit pas de promettre la fin des détentions au titre de cette loi. Le Premier ministre Najib doit les faire cesser en pratique. »
 L’inspecteur général de la police, Ismaïl Omar, a indiqué le 17 novembre à l’agence de presse officielle Bernama que les 13 personnes arrêtées sont toutes détenues au titre de la section 73(1) de la Loi relative à la sécurité intérieure. Cette disposition autorise les policiers à arrêter quiconque sans mandat s’ils estiment que cette personne pourrait « agir d’une manière préjudiciable à la sécurité de la Malaisie ». La Loi relative à la sécurité intérieure est en outre contraire aux normes internationales en matière de droits humains, notamment aux droits de ne pas être détenu arbitrairement et de bénéficier des garanties d’une procédure régulière et d’un procès équitable. « Si la police malaisienne a des raisons de soupçonner ces 13 détenus d’une infraction valable, elle doit les inculper, ou sinon les relâcher. Le fait d’enfermer des personnes sans inculpation ni procès montre un mépris flagrant de l’état de droit », a ajouté Sam Zarifi.