Un tribunal militaire égyptien rejette l’appel d’un militant de Maspero

Le Conseil suprême des forces armées égyptiennes doit immédiatement libérer un éminent blogueur et militant détenu dans le cadre de la répression sanglante contre les manifestations de Maspero, a déclaré Amnesty International vendredi 4 novembre, alors qu’un tribunal militaire a rejeté la veille l’appel de son maintien prolongé en détention. Dans le cadre de la même affaire, le tribunal a prolongé la détention de 30 autres civils pour une période de 15 jours. « Le Conseil suprême des forces armées doit pouvoir faire l’objet de critiques publiques. Toute personne incarcérée uniquement pour avoir critiqué l’armée est un prisonnier d’opinion, qui doit être libéré immédiatement et sans condition », a indiqué Amnesty International. Alaa Abdel Fattah a été arrêté après avoir critiqué l’intervention sanglante de l’armée lors des manifestations qui se sont déroulées le 9 octobre, au cours desquelles 27 personnes ont été tuées, lorsque les forces de sécurité ont violemment dispersé les manifestants rassemblés autour du siège de la télévision d’État, le bâtiment Maspero. Alaa Abdel Fattah a comparu le 30 octobre devant un tribunal militaire pour répondre des chefs d’inculpation d’incitation à la violence contre l’armée, d’agression contre les forces armées et de vol d’armes à feu. Il a été placé en détention pendant 15 jours parce qu’il a refusé de répondre aux questions, faisant valoir qu’il s’oppose à ce que des civils soient traduits devant des tribunaux militaires. Le tribunal militaire a statué qu’Alaa Abdel Fattah passerait désormais le restant de ses 15 jours de détention à la prison de Tora. Le blogueur et militant a écrit un récit poignant de son incarcération, qui a été sorti clandestinement du centre où il était détenu il y a quelques jours. « Dans sa lettre, Alaa Abdel Fattah évoque d’autres personnes victimes d’injustice aux mains de la répression militaire. Il est devenu le symbole des milliers de civils qui sont jugés dans le cadre de procédures militaires sommaires. « Que l’armée enquête elle-même sur sa propre conduite lors des manifestations de Maspero soulève de graves doutes quant à l’impartialité des investigations, a relevé Amnesty International.« Les autorités doivent ouvrir une enquête totalement indépendante sur les opérations de maintien de l’ordre et sur la mort de manifestants. » Le Conseil suprême des forces armées n’a toujours pas obligé les forces de sécurité à rendre des comptes pour leur recours excessif à la force contre les manifestants de Maspero. Au lieu de cela, les forces de sécurité continuent d’assurer que les manifestants ont été à l’origine de la violence et de sévir contre les personnes qui critiquent la manière dont elles ont agi lors des manifestations.