Le gouvernement tunisien doit respecter les droits fondamentaux, alors que les manifestations se poursuivent

Amnesty International lance un nouvel appel aux autorités tunisiennes pour qu’elles respectent les droits humains alors qu’une nouvelle vague de manifestations antigouvernementales a secoué le pays lundi 17 janvier. Dans la capitale Tunis, la police aurait utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour disperser les manifestants qui réclamaient que le parti du président déchu Zine el Abidine Ben Ali renonce au pouvoir, alors qu’un nouveau gouvernement de coalition doit être mis en place. L’état d’urgence a été instauré en Tunisie lorsque Ben Ali a fui le pays vendredi 14 janvier. « Alors que règne l’incertitude politique en Tunisie, le gouvernement doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger les Tunisiens contre de nouvelles violences, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Après 23 ans d’atteintes aux libertés fondamentales, le nouveau gouvernement d’union se doit d’inscrire au premier rang des priorités le respect des droits humains. Avant toute chose, il doit restreindre les pouvoirs des forces de sécurité, transformées en outil de répression en Tunisie. » Vendredi 14 janvier, les forces de sécurité se sont vues accorder l’autorisation de « tirer à vue » sur toute personne bravant le couvre-feu actuellement fixé à 17 heures. Tout rassemblement de plus de trois personnes a également été interdit. « Nous demandons aux autorités tunisiennes d’abroger ces restrictions draconiennes de la liberté d’expression, qui frappent notamment les droits de manifester et de constituer des organisations de la société civile et d’y adhérer, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui. « Une mesure à prendre immédiatement consiste à libérer tous les prisonniers d’opinion, y compris le journaliste Fahem Boukadous. En outre, toutes les organisations indépendantes de la société civile doivent être autorisées à se faire enregistrer. » Les manifestations se poursuivent en Tunisie depuis la mi-décembre, depuis que Mohamed Bouazizi, 26 ans, jeune diplômé de l’université au chômage, s’est immolé par le feu dans la ville de Sidi Bouzid, pour protester contre la confiscation par la police de sa charrette de fruits et légumes, son unique source de revenus. Son acte désespéré a été l’élément déclencheur d’un mouvement de contestation qui a amené nombre de Tunisiens, parmi lesquels des syndicalistes, des étudiants, des défenseurs des droits humains et des avocats, à descendre dans la rue pour réclamer du travail, de meilleures conditions de vie et la fin de la corruption.