La dureté de la loi hongroise sur les médias suscite des protestations

Amnesty International demande une nouvelle fois aux autorités hongroises de modifier la nouvelle loi controversée relative aux médias, alors que celle-ci suscite des actions de protestation publiques en faveur de la liberté d’expression. Des manifestations contre cette loi qui fait peser des restrictions sur l’ensemble des contenus proposés par les médias en Hongrie ont eu lieu à Budapest et à Vienne, vendredi 14 janvier dans la soirée. Cette nouvelle loi, qui est entrée en vigueur le 1er janvier, prévoit de lourdes sanctions contre les diffuseurs de contenus qui seraient considérés comme contraires à l’« intérêt public ». « Le caractère vague des restrictions imposées par la nouvelle loi relative aux médias est très inquiétant et fort susceptible d’avoir un effet adverse sur la liberté d’expression », a déclaré Andrea Huber, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Face au risque de lourdes amendes voire d’être contraints à mettre la clé sous la porte, il est probable que de nombreux journalistes et rédacteurs en chef opteront pour la “prudence” en modifiant leurs contenus. » Des actions de protestation contre la nouvelle législation sur les médias ont eu lieu sur la place Kossuth de Budapest, devant le Parlement hongrois, le 14 janvier au soir, tandis que l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières et des groupes autrichiens ont organisé une manifestation devant l’ambassade de Hongrie à Vienne. La nouvelle loi impose des restrictions sur tous les contenus diffusés par les médias, que ce soit à la radio, la télévision, dans la presse ou sur Internet, et que les médias en question soient publics ou privés. L’autorité nationale des médias et communications (NMHH) établie en vertu de cette nouvelle loi sera habilitée à sanctionner les journalistes sur la base de concepts vagues tels que l’« intérêt public », la « moralité commune », l’« ordre national » et la « violation de l’obligation de relayer des informations de manière impartiale ». Les médias qui enfreignent la loi encourent des amendes allant de 35 000 à 730 000 euros, voire l’interdiction de poursuivre leurs activités. La question de l’indépendance politique de la NMHH, dont le président est nommé par le Premier ministre pour neuf ans, inspire en outre quelques inquiétudes. Par ailleurs, la procédure de désignation des autres membres de la NMHH ne garantit pas la pluralité. « La portée des restrictions, l’absence de consignes claires pour les journalistes et les rédacteurs, et les pouvoirs étendus du nouvel organe de régulation risquent tous ensemble de restreindre inutilement et de manière disproportionnée la liberté d’expression en Hongrie », a ajouté Andrea Huber. Certains signes indiquent déjà que la loi a des retombées négatives pour les journalistes. Un présentateur et un rédacteur d’une station de radio font actuellement l’objet d’une procédure disciplinaire pour avoir protesté contre ces mesures par une minute de silence sur les ondes, mardi 21 décembre 2010, lendemain de l’adoption de la loi par le Parlement.