Il faut que les autorités syriennes enquêtent sur l’agression dont a été victime un avocat défenseur des droits humains

Amnesty International a appelé les autorités syriennes à ouvrir une enquête sur l’agression dont a fait l’objet un avocat et défenseur des droits humains primé qui a été attaqué par un codétenu ; il faudra déterminer notamment s’il y a eu complicité de la part des responsables de la prison. Muhannad al Hassani a été violemment frappé le 28 octobre par un prisonnier de droit commun partageant sa cellule à la prison d’Adhra, à Damas. Muhannad al Hassani est resté dans la même cellule que son agresseur pendant cinq jours après son agression, avant d’être finalement transféré dans une cellule minuscule au sous-sol, où il est maintenu à l’isolement. Pour protester contre son placement à l’isolement, Muhannad al Hassani et d’autres prisonniers politiques de l’établissement ont entamé une grève de la faim. Deux semaines avant cette agression, le prisonnier d’opinion Muhannad al Hassani s’était vu décerner, in absentia, le prix prestigieux Martin Ennals des défenseurs des droits humains. « Les autorités syriennes doivent mener sans délai une enquête transparente et exhaustive sur ce qui s’est passé, et veiller à ce que toute personne soupçonnée d’être responsable soit jugée, dans le respect des normes internationales d’équité », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « Il faudra en particulier qu’elles déterminent si le transfert dans la cellule de Muhannad al Hassani du prisonnier qui l’a agressé s’est effectué avec la complicité de membres de la prison d’Adhra, et pourquoi les deux hommes ont été maintenus dans la même cellule pendant cinq jours après l’agression. » L’agresseur de Muhannad al Hassani aurait été transféré dans la cellule de celui-ci seulement récemment, et il portait une grosse bague en métal alors que les prisonniers ne sont pas autorisés normalement à porter de tels bijoux. Muhannad al Hassani a eu une blessure au front qui a nécessité dix points de suture, il avait un œil tuméfié, la joue enflée et présentait des hématomes sur le corps. Il a fait une déposition à la police en présence de son agresseur qui n’a cessé alors de le menacer et de l’accuser de ne pas être patriotique. Muhannad al Hassani a demandé que ces menaces soient prises en note par la police, mais sa demande aurait été ignorée.   Muhannad al Hassani a été examiné par un médecin à Douma qui a fourni un rapport sur ses blessures le lundi 1er novembre. L’affaire a ensuite été portée devant un tribunal à Douma sans que les avocats de Muhannad al Hassani ne soient prévenus et puissent donc se présenter à l’audience. Muhannad al Hassani purge actuellement une peine de trois ans d’emprisonnement. Il a été condamné en juin pour avoir diffusé des informations sur des procès iniques de prisonniers politiques et des actes de torture et avoir rencontré des membres d’ambassades étrangères pour parler de droits humains. Avocat et cofondateur de l’organisation syrienne de défense des droits humains Sawasiyah, Muhannad al Hassani est depuis des années harcelé et sanctionné par les autorités en raison de son action dans le domaine des droits fondamentaux. Le président du jury du prix Martin Ennals l’a décrit comme un homme « d’un courage exceptionnel, détenu de façon arbitraire dans des conditions inacceptables pour avoir défendu l’état de droit et le droit de fonder une organisation de défense des droits humains ». Muhannad al Hassani a été arrêté en juillet 2009 et, à l’issue d’un procès manifestement inique, a été condamné à trois ans d’emprisonnement par le tribunal pénal de Damas pour « atteinte au sentiment national » et « diffusion d’informations mensongères ». « Alors qu’elle est internationalement reconnue, c’est l’action de Muhannad al Hassani en faveur des droits humains qui lui a valu d’être incarcéré par les autorités syriennes », a déclaré Malcolm Smart. « Cet homme ne devrait pas être en prison. Son incarcération est foncièrement injuste, et qu’il ait été agressé physiquement en prison et privé de protection dans les jours qui ont suivi est totalement inacceptable. »