Singapour condamne un écrivain britannique à une peine d’emprisonnement

Singapour a porté un grave coup à la liberté d’expression en condamnant Alan Shadrake, écrivain britannique âgé de 76 ans, à une peine d’emprisonnement pour avoir publié un livre critiquant le système judiciaire du pays, a déclaré Amnesty International ce mardi 16 novembre 2010. Alan Shadrake a été condamné à six semaines d’emprisonnement et à une amende de 50 000 dollars de Singapour (environ 15 400 dollars des États-Unis).Il a été déclaré coupable d’outrage à la cour pour avoir « offensé l’appareil judiciaire » en raison des allégations mettant en cause le fonctionnement du système judiciaire contenues dans son livre sur l’application de la peine capitale à Singapour.« Singapour réagit face aux critiques en emprisonnant ses détracteurs, a souligné Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.« La peine prononcée contre Alan Shadrake marque un grave pas en arrière en ce qui concerne la liberté d’expression à Singapour. »Alan Shadrake a été arrêté à Singapour en juillet 2010 après la sortie de son livre, intitulé Once a Jolly Hangman: Singapore Justice in the Dock [Il était une fois un joyeux bourreau : la justice de Singapour en question].Alan Shadrake est également poursuivi en vertu de dispositions de la législation pénale relatives à la diffamation, qui ont par le passé été utilisées pour faire taire d’autres détracteurs du gouvernement.Le rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a demandé aux États d’abroger toutes les dispositions pénales réprimant la diffamation, au motif que les dispositions non pénales sur la diffamation apportent déjà une protection adéquate.« En sanctionnant pénalement Alan Shadrake, Singapour a davantage encore attiré l’attention internationale sur son non-respect de la liberté d’expression », a ajouté Sam Zarifi.