L’Égypte doit enquêter sur les allégations de torture formulées par un blogueur libéré

Amnesty International invite les autorités égyptiennes à enquêter sur les allégations selon lesquelles un blogueur, remis en liberté le 17 novembre 2010 après avoir passé quatre ans derrière les barreaux, a récemment été frappé et maltraité en détention.Karim Amer a été libéré après avoir été incarcéré pendant quatre années, pour avoir semble-t-il critiqué sur un blog le président égyptien Hosni Moubarak, les autorités religieuses d’El Azhar et l’islam.Les avocats du blogueur ont annoncé à Amnesty International qu’il avait été relâché du centre de détention du Service de renseignement de la sûreté de l’État (SSI) de Faraana, à Alexandrie, mercredi 17 novembre, 12 jours après avoir purgé sa peine d’emprisonnement. Selon des informations émanant du Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI), Karim Amer a été transféré dans Alexandrie le 6 novembre de la prison de Borg el Arab (la Tour arabe) vers un centre de détention du SSI, où il a été détenu jusqu’au 17 novembre.Maintenu en détention sans jugement, le blogueur aurait subi des coups et des violences aux mains des agents du SSI durant les 12 jours qui ont précédé sa libération.« Si nous nous félicitons au plus haut point de la libération de Karim Amer, nous demandons toutefois aux autorités égyptiennes de diligenter une enquête approfondie et impartiale sur ces nouvelles allégations plus qu’inquiétantes faisant état de coups, de mauvais traitements et d’agissements illégaux imputables aux agents du SSI. Elles doivent également expliquer sur quels fondements légaux elles se sont appuyées pour le maintenir en détention pendant 12 jours après la date prévue de sa remise en liberté, a déclaré Malcolm Smart, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.« Karim Amer était un prisonnier d’opinion, incarcéré uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Les autorités doivent relâcher tous les autres prisonniers d’opinion et modifier ou abroger toutes les lois qui érigent en infraction l’exercice légitime des droits fondamentaux. »En 2007, Karim Amer, de son vrai nom Abdel Karim Nabil, a été déclaré coupable d’avoir « incité à la discorde et diffamé les musulmans sur Internet en présentant le prophète et ses compagnons comme des assassins, ce qui trouble la paix nationale », et d’avoir « insulté le président de la République par ses écrits sur Internet ».Il a nié ces accusations et déclaré qu’il avait exprimé librement ses opinions, sans jamais avoir eu l’intention de commettre des infractions susceptibles de donner lieu à ce que de telles accusations soient portées contre lui.À la prison de Borg el Arab, les gardiens avaient passé Karim Amer à tabac et l’avaient placé à l’isolement, au motif qu’il aurait agressé un codétenu en octobre 2007.