Une militante congolaise vit dans la peur à la suite d’une agression

Amnesty International a exhorté les autorités congolaises à protéger une militante des droits humains, après que des hommes armés l’eurent agressée chez elle le mois dernier. Clémence Bakatuseka, qui travaille en faveur des victimes de la violence sexuelle en République démocratique du Congo (RDC) a dit à Amnesty International qu’elle craint de subir d’autres agressions après que des policiers lui eurent réclamé le paiement de « frais de protection » pour l’aider. « Il est inacceptable que des policiers disent à une personne qui a été agressée et menacée qu’ils ne feront rien pour la protéger à moins qu’elle ne les paie », a déclaré Claire Morclette, du programme Afrique d’Amnesty International. « Dès que la police a été informée de l’agression perpétrée contre Clémence Bakatuseka, elle aurait dû prendre les mesures requises pour protéger le droit de cette femme à la vie et à la sécurité de la personne. « Le gouvernement doit immédiatement mener une enquête impartiale sur cette agression et traduire en justice les auteurs présumés de celle-ci. » Le soir du 4 octobre, Clémence Bakatuseka était à son domicile avec ses enfants, dans la ville de Beni (Nord-Kivu), lorsque six hommes en uniforme militaire se sont introduits chez elle par la force. Ils ont tiré plusieurs coups de feu et lui ont ordonné de leur donner de l’argent. Ses voisins ayant donné l’alarme, les hommes ont fui après avoir fait feu une dernière fois. Clémence Bakatuseka, coordonnatrice du Great Lakes Human Rights Programme (GLHRP) à Beni, a dit que les hommes ont exigé les sommes utilisées pour soutenir le travail de cette organisation dans le domaine de l’aide juridique aux victimes de la violence sexuelle. C’était la première fois qu’elle se trouvait sous la menace d’une arme à feu, mais son domicile avait déjà été fouillé par des individus non identifiés en juillet 2009. Clémence Bakatuseka a déclaré à Amnesty International : « Je me sens encore traumatisée. Je suis très déçue de la manière dont les autorités ont traité mon cas, en particulier la police, qui est censée être du côté de la population. J’ai appelé à l’aide, mais la police m’a demandé de payer 250 dollars américains mensuels afin de recevoir une protection, or je n’en ai pas les moyens. » Les militants défendant les droits humains en RDC sont régulièrement victimes de harcèlement, de menaces de mort et de violences. Plusieurs meurtres ont eu lieu à Beni ces derniers mois, dont celui du journaliste Patient Chebeya, tué par des soldats en avril 2010, et celui du défenseur des droits humains Salvatore Muhindo, de l’organisation non gouvernementale Bon Samaritains, en juin. Ce même mois, Floribert Chebeya Bahizire, un des plus éminents défenseurs des droits humains du pays, a été retrouvé mort le lendemain de sa convocation à une réunion avec la police de Kinshasa. « Le gouvernement congolais doit agir afin de protéger l’ensemble des défenseurs des droits humains, qui sont en grave danger du seul fait de leur action pourtant légitime », a ajouté Claire Morclette. « Les autorités doivent également lutter contre l’impunité en relation avec les agressions visant les défenseurs des droits humains. » Clémence Bakatuseka et le GLHRP sont parvenus à obtenir que les civils comme les membres des forces armées puissent être condamnés pour avoir perpétrés des actes de violence sexuelle.