Côte d’Ivoire : les responsables politiques doivent prévenir les violences électorales

Jeudi 25 novembre, Amnesty International a exhorté les candidats à la présidence en Côte d’Ivoire à calmer leurs partisans et à éviter les déclarations provocatrices au vu des violences qui ont éclaté à l’approche du second tour des élections présidentielles, organisé dimanche 28 novembre. La police a mis du temps à intervenir dans les affrontements qui ont eu lieu vendredi 19 novembre à Abidjan entre les groupes étudiants soutenant le président Laurent Gbagbo et les partisans de son rival à l’élection, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Ces heurts ont fait plusieurs dizaines de blessés. « Si les dirigeants et les candidats poursuivent les attaques politiques provocatrices et ne contiennent pas les incitations à la haine, nous craignons fortement que des violences électorales incontrôlables de nature politique et ethnique soient déclenchées en Côte d’Ivoire », a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International. Par ailleurs, Amnesty International a appris que des tracts incitant à la violence xénophobe contre la population « dioula » associée au parti d’Alassane Ouattara avaient été distribués. Est considérée comme « dioula » toute personne qui porte un nom de famille musulman et est originaire du nord de la Côte d’Ivoire ou d’autres pays de la région. « Les candidats se reprochent mutuellement l’escalade de la violence ; ils doivent maintenant assumer la responsabilité de leurs actes et appeler au calme pour le bien de leur pays, a ajouté Véronique Aubert. « Les jeunes et les étudiants doivent être appelés par leurs chefs de file à accepter pacifiquement la possibilité d’une défaite électorale. » Amnesty International engage en outre les autorités ivoiriennes à veiller à ce que tous les citoyens puissent participer à la campagne électorale librement et sans faire l’objet de manœuvres d’intimidation, en protégeant leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association pacifiques. Le second tour des élections présidentielles de la Côte d’Ivoire se déroulera dimanche 28 novembre, après avoir été reporté à cinq reprises depuis 2005. Ce scrutin devrait mettre fin à la crise qui a débuté avec le soulèvement armé de septembre 2002 et a débouché sur la partition de facto du pays entre le sud, tenu par les partisans du président Gbagbo, et le nord, aux mains des Forces nouvelles, le mouvement issu de l’insurrection armée.